Journée d'étude, 8 novembre 2013
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«Je n’en pouvais plus de cette cohabitation légère, frivole, de ce montage donné comme innocent, de la violence et du sexe. D’un côté, un blogueur plutôt minable qui trouve rigolo de décrire comment il soumettrait sexuellement une femme – en l’occurrence, une femme publique – comment il la prendrait de force brutalement, lui imposerait son sexe pour la libérer, laisse-t-il entendre, d’une vie conjugale missionnaire. De l’autre, dix-neuf mecs qui, sous prétexte de défendre la liberté des travailleuses du sexe, défendent le privilège de consommer comme ils le veulent, quand ils le veulent, des femmes mises à leur disposition par une conjoncture qui donne aux riches, au people ou aux hommes bien nés et bien placés, le gros bout du bâton. Et ce privilège, ils le défendent “au nom de la liberté, de la littérature et de l’intimité”. Au nom de quelle liberté et de quelle littérature?»
Martine Delvaux est professeure au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Elle a publié des essais (Femmes psychiatrisées, femmes rebelles et Histoires de fantômes), et des romans, dont C’est quand le bonheur? (2007), Rose amer (2009) et Les Cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage (2012), aux éditions Héliotrope. Elle a aussi publié Les filles en série: Des Barbies aux Pussy Riot en 2013 aux éditions du Remue-ménage.