Journée d'étude, 26 avril 2016
Miniaturisation, renversement, changements d’échelle: la destruction comme dispositif narratif dans la littérature
«Je propose d’examiner trois œuvres aux intrigues remarquablement semblables. Trois œuvres où la mise en acte de la destruction est ironisée ou atténuée grâce à diverses stratégies narratives et descriptives.
Dans le roman Au plafond d’Éric Chevillard, un homme qui porte perpétuellement une chaise renversée sur sa tête, comme une sorte de carcan, rêve de détruire la ville, détruire toutes les cloisons et tous les murs et vivre avec ses comparses aux plafonds des immeubles.
Dans Mikki et le village miniature de Mika Biermann, un loser trentenaire et eczémateux s’amuse à détruire la maquette d’une ville miniature habitée par des lilliputiens.
Dans Ruines de Rome de Pierre Senges, un employé discret du bureau des cadastres projette de faire disparaître la ville sous une apocalypse végétale.
On peut se demander qu’on en commun le carcan et la cloison, la maquette et le cadastre pour qu’on souhaite à ce point les voir disparaître. On peut émettre l’hypothèse que ces trois figures agissent comme des métaphores d’une urbanité qui serait contraignante et dotée d’une logique mortifère et aliénante. »
Marie-Hélène Voyer est étudiante de niveau postdoctoral au département d’études littéraires de l’UQAM. Son projet de recherche s’intitule Incendiaires et désaxés, figures du personnage séditieux et poétique de la destruction dans le roman français et québécois contemporain.