Colloque, 17 novembre 2021
Kornél Mundruczó («Tender son: The Frankenstein project»): ou l’ombre projetée du roman familial de Victor F.
L’ombre de Frankenstein se projette partout, on la voit s’étendre à tous les niveaux, et sur tous les plans, mais cette ombre, qui prolonge en partie le roman de Mary Shelley, finit aussi par l’occulter partiellement tant l’image fixée dans la culture populaire et la réduction du mythe de Frankenstein à quelques traits imaginaires semblent faire écran au roman lui-même. On oublie que sans être vraiment un roman précurseur de la littérature de science-fiction —c’est du moins un point sur lequel on peut encore discuter— il s’agit bien davantage d’un roman qui appartient à la tradition du romantisme noir ou du roman gothique, quoique plus directement romantique que gothique, et qui fait de l’horreur du monstre un enjeu relativement périphérique par rapport au roman familial qui nous est décrit dans le roman de Shelley. Dans une adaptation tout à fait libre du mythe de Frankenstein, le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó, nous invite à renouer avec cet autre versant de l’histoire. Tender son: The Frankenstein project, présenté en sélection officielle, à Cannes, en 2010, interroge plus directement la relation d’un père vis-à-vis d’un fils, qu’il n’a pas reconnu, quand l’un et l’autre n’ont d’autre choix que de se rencontrer là où la faute du père rejaillit sur la faute du fils.