Colloque, 18 novembre 2021

Est/éthiques cyberterratologiques du corps en pièces de «Patchwork Girl» au code fantôme de «Galatea 2.2»… et réciproquement

Arnaud Regnauld
couverture
L’ombre de Frankenstein ou le pouvoir d’une œuvre, événement organisé par Jean-François Chassay et Elaine Després

Parus l’un comme l’autre en 1995, la cyberfiction de Shelley Jackson et le roman de Richard Powers interrogent la manière dont s’élabore une subjectivité à partir de ce qui relève d’un apprentissage littéraire débouchant sur un récit de soi, mise en abyme de la fiction par son double monstrueux, depuis une position d’extériorité radicale, puisque non humaine. Alors que Powers ne cesse de brouiller les frontières insaisissables qui séparent le fait de la fiction, l’autobiographie de l’invention pure, démarche en cela assez proche de celle de Shelley Jackson qui se confond avec le monstre, la question de la simulation devient centrale dans ce livre qui pourrait tout aussi bien être abordé comme une sorte d’expérience de pensée philosophique: que se passerait-il si une machine pouvait réellement produire une forme pertinente d’analyse littéraire et réussir à se faire passer pour un être humain? En d’autres termes, si elle pouvait accéder à une forme de sensibilité littéraire tout comme le monstre de Frankenstein avant elle… Question ancrée dans la lettre même du texte génétique comme du code informatique qui se répondent comme si l’encodage, qu’il soit binaire ou ADN, pouvait expliquer l’émergence d’une intelligence dont il conviendra de définir le rapport à l’humain. L’expérience esthétique reposerait-elle dès lors sur un dispositif biologique commun, partagé par la communauté des hommes et ne serait, in fine, qu’une simulation générée par notre cerveau, reproductible à l’infini?

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