Colloque, 11 mai 2016
Entropie du terrain vague. Le milieu de partout et ses petites difficultés d’existence
Cette proposition de communication de recherche est composée de trois parties distinctes : dans un premier temps, on réfléchira au concept de terrain vague et à ses connotations selon différents domaines d’activités qui conduiront à l’identifier comme un trou noir au sein de nos espaces de plus en plus rationalisés. Or, tout défaut ou trou noir est porteur d’entropie, c’est-à-dire d’une perte d’énergie ou de productivité qui menace de se généraliser ou de l’emporter sur le bon fonctionnement du système. On verra comment ce qui est perçu comme une perte dans bien des domaines est conçu au contraire comme extrêmement générateur et stimulant dans le domaine des arts et des sciences humaines.
Les deux temps suivants examineront chacun un exemple de cet imaginaire du terrain vague à travers une œuvre littéraire. Dans le roman Petites difficultés d’existence (2002) de France Daigle, plusieurs personnages d’âge et de conditions sociales très différents se concertent afin de transformer un bâtiment industriel désaffecté pour en faire un espace communautaire ouvert et propice à la création. Le milieu de partout (2014) de Thierry Dimanche est un recueil qui oscille entre essai littéraire et poésie, qui incorpore aussi des photographies. Le sujet est un promeneur des environs de Sudbury qui s’interroge sur ce que signifie être ici et l’imaginaire de cette ville minière qui est aussi l’un des hauts-lieux de l’émergence de l’identité et de la littérature franco-ontarienne. Dans un cas comme dans l’autre, on verra quels subterfuges mettent en œuvre les auteurs afin de rendre signifiant le terrain vague auxquels ils s’intéressent.
Élise Lepage est professeure adjointe en littérature québécoise à l’Université de Waterloo. Ses travaux portent sur l’imaginaire géographique et le paysage en littérature québécoise contemporaine.