Colloque, 18 novembre 2021

«Depraved»: la créature et les monstres

Régis-Pierre Fieu
couverture
L’ombre de Frankenstein ou le pouvoir d’une œuvre, événement organisé par Jean-François Chassay et Elaine Després

Le dernier film de Larry Fessenden est une relecture moderne directe du Frankenstein de Mary Shelley. La créature, appelée ici Adam, se réveille dans un laboratoire de Brooklyn appartenant à Henry, ancien médecin dans l’armée américaine, et victime de stress post-traumatique suite aux horreurs vues pendant son service. Ce dernier est chapeauté par Polidori, un nouveau riche qui souhaite expérimenter une drogue novatrice sur le monstre pour s’enrichir dans le futur. Les deux sont des figures paternelles pour Adam, dont le cerveau appartient en fait à Alex, assassiné dans une rue de Brooklyn. Le film présente une lecture du mythe absente de tout romantisme et pose la question du véritable monstrueux à notre époque. La créature, enfant en quête de guidance paternelle, n’est en fait entourée que d’égos démesurés, de profiteurs capitalistes sans scrupules et de femmes impuissantes face à la bêtise masculine. Si le film interroge l’éthique de l’industrie pharmaceutique et les ravages de la guerre sur l’esprit des jeunes américains de retour au pays, il est surtout une lecture du monde pessimiste; un monde dans lequel l’innocence est trahie, où les rapports humains sont entravés par des intérêts mesquins, et où l’humanité semble aussi perdue que la créature naissante.

Type de contenu:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.