Colloque, 28 mai 2015
Décombres de Claude Cahun: lettres et legs
J’affirme que le droit de résister et d’aider à résister aux maux naturels et sociaux est le premier des droits de l’homme. (Écrits, 657)
Je reviens de loin. J’ai le droit d’en parler. (Écrits, 573)
Dans ma communication, je me propose d’esquisser la place des discours d’héritage dans l’œuvre de Claude Cahun (née Lucy Schwob, 1894-1954): ceux qu’elle invoque, ceux qu’elle mettra en question, en suspens, et en marche. À partir d’une lecture de Marcel Schwob (1867-1905), j’aborderai la question de certains patrimoines journalistiques, nationaux, littéraires et familiaux tels qu’ils sont manifestes dans son œuvre littéraire et visuelle, plus précisément les modalités à travers lesquelles ces divers héritages sont convoqués dans l’autoreprésentation et l’esthétique de Cahun qui, dans ses textes des années 1940 et 1950, ébauche le poids et le pari des négociations culturelles sur les décombres de la guerre, ainsi que des discours révolutionnaires et universalistes.
En effet, même si son œuvre se situe le plus souvent aux carrefours du symbolisme, du modernisme, de Dada et du surréalisme, j’y ajouterais non seulement le long dix-neuvième siècle, mais également, et ce sans réserve, un parti pris existentialiste très particulièrement cahunien qui préfigure les prises de position Tel Quel.
Gayle Zachmann est professeure au Département de langues, littérature et culture de l’Université de Floride où elle est affiliée au centre d’études européennes et au centre d’études juives. De 2003 à 2011 elle a été directrice du University of Florida Paris Research Center. Elle est présentement éditrice nord-américaine du journal Romance Studies.