Colloque, 29 mai 2015

Travail à deux voix: fusion et confusion des identités

Valérie Etter
Anke Vrijs
couverture
Héritages de Claude Cahun et Marcel Moore, événement organisé par Andrea Oberhuber et Alexandra Arvisais

En marge des courants dominants, Claude Cahun a utilisé la photographie de façon très personnelle pour questionner son identité: elle n’a cessé de se représenter et de s’inventer une autre identité à travers son image manipulée, construite avec humour et artifices, dépassant ainsi la fonction de représentation objective communément associée à l’appareil photographique.

L’utilisation de la photographie est d’ailleurs devenue une vraie position artistique, et depuis Marcel Duchamp (avec Rrose Sélavy en 1921), de nombreux artistes expérimentent l’autoreprésentation avec le médium photographique. Ce médium offre de larges possibilités pour agir sur l’image dans toutes ses phases de réalisation – de la prise de vue au montage en passant par le tirage en laboratoire avec ses nombreuses manipulations possibles – pour évoquer le trouble que génère le regard porté sur soi-même. Ainsi, depuis Dada, certains artistes travaillent à témoigner de la dislocation et de la décomposition de l’œuvre aussi bien dans sa conception que dans sa réalisation plastique (collage, emprunt, fragmentation).

Ainsi, le thème de l’autoreprésentation a été le moteur permettant aux héritiers actuels d’élargir le regard et de travailler véritablement à deux, se questionnant réciproquement en négociant la place de chacun des acteurs dans un travail signé à deux. Les stratégies retenues par les artistes aujourd’hui s’intéressent au travestissement, bien sûr, mais utilisent aussi l’effacement de l’individu dans le travail à deux, l’intermédialité et surtout le thème du double.

Comment ces thèmes sont-ils envisagés dans le travail des héritiers de Claude Cahun et de Marcel Moore? Quels sont les moyens plastiques mis en œuvre pour créer la fusion/confusion des genres et des identités? Nous envisageons d’interroger les notions de portrait photographique à deux voix, à travers les œuvres de LawickMüller, Gilbert & George ou Pierre et Gilles, mais aussi en questionnant les démarches de Michel Journiac dans ses travaux Hommage à Freud et Inceste.

Valérie Etter est docteure en arts et chargée de cours à l’Université de Strasbourg. Elle enseigne également l’art visuel et appliqué pour des classes de BTS ainsi qu’en histoire de l’art à l’école nationale supérieure d’architecture de Strasbourg. Ses thèmes de recherche s’intéressent aux représentations du corps au XXe siècle et au monstre humain et animal dans l’art contemporain.

Anke Vrijs est artiste et docteure en arts. Elle est maître de conférence au département d’architecture à l’INSA de Strasbourg où elle donne des cours d’histoire de l’art et d’arts plastiques.

Type de contenu:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.