Journée d'étude, 2 juin 2017

Ramona Flowers et Nimona. L’étonnant pouvoir subversif du réalisme imaginaire geek

André-Philippe Lapointe
couverture
Gender/Genre: Liminalité et intersection dans la culture populaire contemporaine, événement organisé par Samuel Archibald, Megan Bédard, Jean-Michel Berthiaume, Catherine Côté, Fanie Demeule, Antonio Dominguez Leiva et Sarah Grenier-Millette

Il s’agira d’analyser les bandes dessinées canadienne Scott Pilgrim (2004-10) de Bryan Lee O’Malley et américaine Nimona (2015) de Noelle Stevenson. Bien que les univers spatiotemporels diffèrent profondément (respectivement le Toronto contemporain et un royaume médiéval futuriste), les deux œuvres usent abondamment de l’humour pour déconstruire et redéfinir les codes de leur genre narratif et du gender. Si Scott Pilgrim doit combattre les sept ex-maléfiques de Ramona Flowers pour conquérir son cœur à l’intérieur d’un discours constant avec le médium vidéoludique, Ramona n’a plus rien de la pauvre demoiselle en détresse comme le sont généralement Peach et Zelda. Par exemple, pendant que Scott affronte son 3e ex, Ramona affronte elle-même une ex de Scott à l’aide d’un immense marteau. De son côté, Nimona, la jeune sidekick métamorphe du supervilain Ballister Blackheart, va progressivement terrifier ce dernier par la trop grande puissance qu’elle possède et qui échappe complètement aux règles de l’univers de fantasy en place.

Ces deux protagonistes féminins (ainsi que Scott Pilgrim et Ballister) sont des personnages problématiques qui ne respecte nullement le gender traditionnellement développé dans leur genre narratif. Elles évoluent dans une narration décomplexée par un humour aussi présent que réussi et par une mise en page fluide qui permet d’instaurer une pléthore de métamorphoses visuelles qui contaminent le rythme de la diégèse. Les tropes du jeu vidéo et de la fantasy ne résistent pas bien longtemps à cette narration où est exploré l’imaginaire geek, qui est ancré dans un monde réaliste convaincant (en particulier dans Scott Pilgrim, où nous voyons par exemple les factures et les difficultés financières du héros éponyme). La communauté est également bien développée dans les deux œuvres, permettant d’illustrer une diversité de personnages trop souvent limitée dans la culture populaire (tant au niveau racial qu’au niveau du sexe et de l’orientation sexuelle).

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