Journée d'étude, 2 juin 2017

Gender/Genre: Liminalité et intersection dans la culture populaire contemporaine

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La journée d’étude Gender/Genre: Liminalité et intersection en culture populaire contemporaine, organisée par le groupe de recherche Rêves en boucle, recyclages en série, s’est déroulée le vendredi 2 juin 2017 à l’Université du Québec à Montréal.

Notre réflexion se fonde sur l’observation de croisements entre deux paradigmes en culture populaire actuelle, soit une massification des hybridations entre les genres textuels et une revisite des identités sexuelles. D’une part, on peut assister à la refonte des archétypes à travers des phénomènes de reprise (Ghostbuster, Thor), à la création de personnages qui entrent dans des identités non binaires ou encore qui font preuve de performances révélant l’échec des idéologies. D’autre part, les codes génériques semblent se dissoudre au profit de produits culturels aux parentés multiples, tels que la fantasy à la saveur série noire (Game of Thrones) ou la fable superhéroïque aux allures d’intrigue détective (Jessica Jones). Nous nous demandons dans quelles mesures la revisite des identités de genre appellent de nouvelles formes génériques, et vice-versa.

La présente journée d’étude désire donc réfléchir aux manières dont la généricité des textes interfère avec l’idée d’une reconstruction potentielle du genre sexuel à l’œuvre dans les productions contemporaines. Depuis les années 1990, la théorie anglo-saxonne a ouvert le pas en considérant les ouvertures possibles auprès des genres de l’imaginaire. Entre autres, les recherches d’Alice Ray Helford postulent la possibilité d’une reconfiguration novatrice du genre sexuel au sein des univers fictionnels que sont la science-fiction et la fantasy. Pour Helford, la création d’univers parallèles que convoquent ces genres engendrerait un espace d’exploration des rôles et des identités de genre. À partir de là, nous proposons que cette dynamique touche désormais l’ensemble des objets culturels de l’after-pop et de leurs supports médiatiques. À l’aune de leurs hybridités plurielles, il s’agira d’explorer le spectre des réciprocités pouvant éventuellement s’établir entre le fond et la forme des objets et de leurs dérivés. Les recherches envisagées peuvent s’approcher de l’un ou l’autre des pôles relationnels tout en préservant un regard critique sur les façons dont ceux-ci communiquent. Si une partie de notre focale sera portée sur les objets, nous voulons également accorder une importance particulière à la réception et à ses résonances envers les phénomènes médiatiques.

C’est donc à travers un prisme multidisciplinaire que nous avons invité les participant.es à réfléchir aux enjeux que soulèvent la rencontre des généricités et leurs hybridations.

Cette journée de réflexion est la première de trois journées d’étude organisées par le groupe de recherche Rêves en boucle, recyclages en série. Réflexivité, réitération et reprise dans la fiction populaire contemporaine, et par l’équipe de la revue en ligne Pop-en-stock. Le triptyque évènementiel se déroulera au cours de l’année 2017-2018 et ouvrira la voie au prochain colloque Pop-en-stock.

Communications de l’événement

Samuel Archibald

La survivante ensauvagée: regards sur la «final girl»

Ceci est une conférence d’aca-fan. Je me fais plaisir, mais je m’assume, aussi, en parlant d’un objet longtemps et peut-être encore considéré honteux, le slasher film ou film de maniaque, film de tueur à masque de goaler, qui a connu son âge d’or du temps de ma jeunesse, entre 1978 (la sortie de Halloween) et 1984 à peu près. Durant cette glorieuse époque, le film de slasher s’est imposé comme une véritable mine d’or pour les studios, qui se sont rapidement empressés d’exploiter le filon, jusqu’à l’épuisement, et qui ont produit au passage des œuvres plus ou moins immortelles comme Halloween 2, Friday The Thirteen un deux trois quatre cinq six sept huit et neuf, Just Before Dawn, My Bloody Valentine, The Prowler, The Burning, Silent Night/Deadly Night, Sleepaway Camp et autres Prom Night. Enfant des années 1980, j’ai toujours conservé une fascination pour ce genre mineur, méprisable, violent, misogyne et, de l’avis de plusieurs, indéfendable.

Il faut bien comprendre le contexte de l’époque, moralement conservateur, marqué par une certain reflux des excès (de sexe et de violence) du cinéma des années 70, mais aussi par une conscience critique de plus en plus accusée des soubassements idéologiques des œuvres.

Christina Brassard

Figures féminines dans le genre policier au Québec. Regard sur «Série Noire» (2014-2016) de Jean-François Rivard et «District 31» (2016-) de Luc Dionne

Dans cette communication, Christina Brassard dresse un portrait des personnages féminins dans les séries policières québécoises contemporaines.

Elle s’attarde principalement sur le personnage de Charlène dans Série Noire de Jean-François Rivard (2014-2016) et sur les clichés et les détournements (possibles) du scénario de la série.

Christina Brassard aborde aussi la télésérie quotidienne District 31 de Luc Dionne et son éventail de personnages féminins forts.

André-Philippe Lapointe

Ramona Flowers et Nimona. L’étonnant pouvoir subversif du réalisme imaginaire geek

Il s’agira d’analyser les bandes dessinées canadienne Scott Pilgrim (2004-10) de Bryan Lee O’Malley et américaine Nimona (2015) de Noelle Stevenson. Bien que les univers spatiotemporels diffèrent profondément (respectivement le Toronto contemporain et un royaume médiéval futuriste), les deux œuvres usent abondamment de l’humour pour déconstruire et redéfinir les codes de leur genre narratif et du gender. Si Scott Pilgrim doit combattre les sept ex-maléfiques de Ramona Flowers pour conquérir son cœur à l’intérieur d’un discours constant avec le médium vidéoludique, Ramona n’a plus rien de la pauvre demoiselle en détresse comme le sont généralement Peach et Zelda. Par exemple, pendant que Scott affronte son 3e ex, Ramona affronte elle-même une ex de Scott à l’aide d’un immense marteau. De son côté, Nimona, la jeune sidekick métamorphe du supervilain Ballister Blackheart, va progressivement terrifier ce dernier par la trop grande puissance qu’elle possède et qui échappe complètement aux règles de l’univers de fantasy en place.

Ces deux protagonistes féminins (ainsi que Scott Pilgrim et Ballister) sont des personnages problématiques qui ne respecte nullement le gender traditionnellement développé dans leur genre narratif. Elles évoluent dans une narration décomplexée par un humour aussi présent que réussi et par une mise en page fluide qui permet d’instaurer une pléthore de métamorphoses visuelles qui contaminent le rythme de la diégèse. Les tropes du jeu vidéo et de la fantasy ne résistent pas bien longtemps à cette narration où est exploré l’imaginaire geek, qui est ancré dans un monde réaliste convaincant (en particulier dans Scott Pilgrim, où nous voyons par exemple les factures et les difficultés financières du héros éponyme). La communauté est également bien développée dans les deux œuvres, permettant d’illustrer une diversité de personnages trop souvent limitée dans la culture populaire (tant au niveau racial qu’au niveau du sexe et de l’orientation sexuelle).

Marie Levesque

Liminalité, neutralité et pré-puberté: la déconstruction du genre sexuel binaire dans la fiction vampirique contemporaine

«La fiction vampirique sous toutes ses formes (littéraire, filmique, télévisuelle, etc.) permet une reconfiguration et même une déconstruction des normes binaires se rapportant au genre et à la sexualité.

L’état liminal de la figure du vampire place cette dernière dans un entre-deux identitaire (le vampire comme étant ni mort ni vivant), mais cette liminalité suppose également un état qu’on pourrait qualifier de neutre

Pascale Laplante-Dubé

Au croisement des genres: pouvoir performatif du «True Name» et subversion de l’identité de genre dans «The Realm of the Elderlings» de Robin Hobb

«Selon les travaux de Jude Roberts, Mark Bould et Sherryl Vint, certains textes de fantasy contemporains portent un commentaire politique.

Comme le mentionne Patricia Waugh dans Feminine Fictions, cette littérature, de par les transgressions de la réalité consensuelle qu’elle propose, aurait la capacité de décentrer et de subvertir les concepts de genre et d’identité.»

Maria-Rosa Lehmann

La transformation de genre dans Sailor Moon (la série animée). Les Sailor Starlights: innovation ou stéréotype

«Sailor Moon est un manga créé par la mangaka Naoko Takeuchi en 1992. À sa suite, un anime créé par Toei Animation a été diffusé de 1992 à 1997.

Il y a beaucoup de différences entre le manga et l’anime, en particulier dans le traitement des personnages et dans l’occidentalisation de certaines choses.

Naoko Takeuchi souligne aussi que l’anime a été conçu par des hommes: on observe un changement d’une conception féminine du projet au regard masculin de l’anime.»

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