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Je frapperais le soleil…: Achab et le cercle vicieux

Jean-Pierre Vidal
couverture
Article paru dans Imaginaire et transcendance, sous la responsabilité de Anne Élaine Cliche, Stéphane Inkel et Alexis Lussier (2003)

Éblouie par sa dimension allégorique et la multiplicité des référents symboliques qui s’y propose, la critique n’a guère prêté attention au foisonnement littéral qui fait de Moby Dick la fable du signe et de sa monstruosité bien plus qu’un texte simplement codé, aussi multiples soient ces codes et incertain leur déchiffrement. Lire avec délectation ce qui informe, plus ou moins secrètement, ce texte, n’est certes pas la même chose, loin s’en faut, que d’accepter de se perdre dans le véritable engloutissement sémiotique que son écriture risque elle-même avant de le proposer, comme un défi, à sa lecture. Il y va d’une dynamique du signifiant qu’aucune grille ne peut filtrer, aucune clé arrêter. Le roman de Melville, en effet, ne met en scène, comme on l’a trop souvent dit, une quête métaphysique que dans la mesure où celle-ci s’enlève moins sur la chasse à la baleine blanche que sur l’indépassable mélancolie dont s’initie toute écriture digne de ce nom. Dans Moby Dick, le signe est toujours à la fois insaisissable et surexposé, il est fait d’une absence constitutive et d’une surcharge inextricable; c’est aussi bien l’aveuglement d’un silence nécessaire (et religieux) qu’un palimpseste au discours multiplicateur.

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