Article d'une publication

Variations autour d’un paysage: le désert chez Isabelle Eberhardt

Rachel Bouvet
couverture
Article paru dans Pratiques de l’espace en littérature, sous la responsabilité de Rachel Bouvet et François Foley (2002)

Cheminer à travers les récits d’Isabelle Eberhardt laisse une impression d’errance, de vagabondage, mais aussi de nombreuses impressions visuelles, un peu comme si une série de tableaux se déroulait devant nos yeux, des tableaux ayant pour thème, invariablement, le désert. Souvent, le texte commence, ou finit, avec un paysage: un coucher de soleil sur les dunes, l’aube qui se lève sur la hamada, la vue panoramique d’un village enserré entre les montagnes, etc. Considérer ces descriptions comme un simple leitmotiv serait réduire considérablement leur portée: d’une part, leur caractère répétitif crée un certain rythme au sein de l’oeuvre, lui conférant une dimension cyclique indéniable; d’autre part, il semble bien que le récit eberhardtien privilégie l’instant au détriment de la durée. La rêverie face à· un paysage semble prendre plus de place que l’intrigue dans certaines nouvelles. Si la dimension spatiale prend le pas sur la dimension temporelle, il devient dès lors nécessaire de s’interroger sur le statut de la description dans cette oeuvre et d’examiner de plus près ces paysages désertiques. Je tenterai de montrer que le désert peut être conçu comme un paysage d’élection qui donne tout son sens au récit. L’étude des différentes formes paysagères et de l’étonnante polychromie des panoramas permettra à la fois de se demander dans quelle mesure ce paysage, en particulier le désert de dunes, correspond à l’imaginaire du désert véhiculé par la culture européenne de l’époque et de mettre en évidence le rôle joué par l’expérience du désert et de la langue arabe dans la perception du paysage, à la fois dans les récits de voyage et dans les nouvelles.

Pour télécharger le document :
Ce site fait partie de l'outil Encodage.