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Windows on the World

Aurélie Lagadec
couverture
Article paru dans Romans internationaux, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Ouvrage référencé: Beigbeder, Frédéric (2003), Windows on the World, Gallimard, Paris, 367p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Formé de deux narrations parallèles, Windows on the world relie les deux rives de l’Atlantique par un judicieux procédé de mise en abyme.

Ainsi, d’un côté nous avons le récit de Carthew Yorston, agent immobilier texan qui emmène ses deux fils David et Jerry prendre le petit déjeuner au Windows on the World (restaurant situé au 107e étage de la tour nord du World Trade Center) ce fatidique matin du 11 septembre 2001. Lorsqu’à 8h46, le premier Boeing percute la tour, les clients paniquent, se sentant pris au piège par le feu et la fumée qui bloquent toutes les issues. Le compte à rebours tragique débute alors jusqu’à la mort, inéluctable, de tous les protagonistes.

De l’autre côté de l’Atlantique, au restaurant le Ciel de Paris situé au 56e étage de la tour Montparnasse, un écrivain français, Frédéric Beigbeder, écrit ce livre sur les dernières heures des clients du Windows on the World, tout en racontant également sa vie, ses échecs, ses rencontres. Il se livre sans retenue à un véritable examen de conscience déroutant.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

L’ouvrage est désigné comme “roman” bien que sa forme s’apparente davantage à l’autofiction (Doubrovsky) ou au roman-autobiographie (Duras). Du point de vue du genre, Windows on the World est hyperréaliste.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Le récit est constitué de deux narrations parallèles qui se relient par un procédé de mise en abyme.
Le roman se découpe en 119 chapitres, un par minute, depuis 8h30 jusqu’à 10h29. Les deux narrations s’alternent d’un chapitre à l’autre.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée dans la tour nord du World Trade Center.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

i) Oui, les protagonistes voient l’avion arriver sur eux.

Moyens de transport représentés:

Le premier avion est l’élément perturbateur qui enclenche l’intrigue de la narration se situant au Windows on the World. De même, à la page 138, F.Beigbeder évoque Stanley Praimnath voyant le second avion s’écrasant dans les vitres de son bureau.

Moyens de communication représentés:

Les téléphones portables et les ordinateurs sont évoqués et permettent le lien avec l’extérieur. Ils sont mis en scène dans d’ultimes messages aux proches.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

En ce qui concerne les protagonistes de la narration du Windows on the World, c’est l’événement qui les conduit à leur propre mort. Pour ce qui est de la narration du Ciel de Paris, c’est l’événement qui inspire l’écriture du roman.
Le point de vue sur l’événement est celui d’une vision d’adulte occidental masculin ( F.Beigbeder / C.Yorston).
Les protagonistes du Windows on the World subissent l’événement directement et F.Beigbeder indirectement.

Les événements sont abordés d’un point de vue individuel.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Des sons sont évoqués.
Il y a de nombreuses paroles de chansons dans le texte
Le son est extra-diégétique.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Oui, aux pages 366, 367et 368, il y a une modification dans la présentation du texte. Apparaissant sous la forme de deux colonnes par page, il rappelle la silhouette des tours. Le titre du chapitre “10h28” est inscrit verticalement, renvoyant directement à l’antenne de la tour.

Autres aspects à intégrer

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Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

“Vous connaissez la fin: tout le monde meurt. Certes, la mort arrive à pas mal de gens, un jour ou l’autre. L’originalité de cette histoire, c’est que tous ses personnages vont mourir en même temps et au même endroit. Est-ce que la mort crée des liens entre les êtres?”

Le seul moyen de savoir ce qui s’est passé dans le restaurant situé au 107e étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c’est de l’inventer.

F.B

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

” L’écriture de ce roman hyperréaliste est rendue difficile par la réalité elle-même. Depuis le 11 septembre 2001, non seulement la réalité dépasse la fiction mais elle la détruit. On ne peut pas écrire sur ce sujet mais on ne peut pas écrire sur autre chose non plus. Plus rien ne nous atteint.” ( Windows on the World, page 20)

“J’ai tout d’abord cherché à savoir ce que ça ferait, puis ce que ça ferait à tout le monde. On entre dans une période un peu bizarre de grande liberté et en même temps de déséquilibre, de paranoïa, de matérialisme instantané. Dans le livre j’appelle ça l’hédonisme apocalyptique. Le terrorisme nous conduit à vivre vraiment au moment présent.”
https://web.archive.org/web/20080329060337/http://www.arte.tv/fr/art-musique/tracks/a-z/533188.html [Consultée le 9 août 2023]

Citer la dédicace, s’il y a lieu

” Pardon Chloë
De t’avoir entraînée
Sur cette terre dévastée.”

Aux 749

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

https://web.archive.org/web/20081208063853/http://www.humanite.fr/2003-08-28_Cultures_-Frederic-Beigbeder-11-septembre-roman [Consultée le 9 août 2023]

https://web.archive.org/web/20071219224003/http://www.vincent-engel.com/article.php3?id_article=91 [Consultée le 9 août 2023]

https://web.archive.org/web/20061122204412/http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=17597 [Consultée le 9 août 2023]

https://web.archive.org/web/20080527201122/http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=51341 [Consultée le 9 août 2023]

Impact de l’œuvre

La version au format poche chez Gallimard (collection Folio) est une seconde version corrigée et modifiée. Une troisième version est actuellement en cours pour l’adaptation cinématographique par Max Pugh, actuellement en cours de tournage.

Windows on the World a reçu le prix Interallié 2003 et sa traduction par Franck Wynne a été récompensée de l’Independant Foreign Fiction Award en 2005.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

En construisant une fiction du 11 septembre à deux voix, celle de Carthew Yorston dans le Windows on the World et la sienne au Ciel de Paris, F.Beigbeder réussit à déglobaliser l’événement. En effet, Windows on the World est un roman hyperréaliste qui tente de restituer un événement hypermédiatisé imprimé sur nos rétines tout en évoquant des “”objets”” disparus du sol par l’effondrement des tours.
Opposant l’humour au sérieux, l’anecdotique au médiatique, il construit une véritable toile, probablement plus proche du réel que n’importe quelle analyse formelle de l’événement.
Dans cet imaginaire “ironique”, construit autour d’un monde à la dérive, l’humour prend la forme d’un détournement du pathos, non pas pour dévaloriser l’émotion mais pour la désamorcer. Page 84, l’auteur avoue: ” la fin du monde est ce moment où la satire devient réalité, où les métaphores deviennent vraies, où les caricaturistes se sentent morveux”.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

Page 155: ” Même si j’allais très très loin dans l’horreur, mon livre serait toujours à 410 mètres au-dessous de la vérité.”

Page 359: ” Il faut écrire ce qui est interdit. La littérature française est une longue histoire de désobéissance. Aujourd’hui les livres doivent aller là où la télévision ne va pas. Montrer l’invisible, dire l’indicible.”

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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