Colloque, 1 juin 2021

Du silence à l’oubli: étude de cas de la (re)construction filmique de la mémoire des prisonniers politiques franquistes

Sabrina Grillo
couverture
Des amnésies mémorables. La mise en texte et en images de l’oubli collectif, événement organisé par Pauline Hachette, Elvina Le Poul et Bernabé Wesley

Solder une dette envers les victimes du franquisme, du moins y contribuer, c’est l’enjeu du documentaire Presos del silencio (2004). Dans ce film, divers témoignages d’espagnols anarchistes et républicains font état d’une expérience sensible de la guerre d’Espagne, de l’exil, de la répression et du silence imposé d’abord par le régime du dictateur Franco puis par une Loi en 1977 (connu comme Pacte de l’oubli). Les réalisateurs Mariano Agudo et Eduardo Montero ont souhaité rendre compte de cette réalité historique et sociale en allant à la rencontre de celles et ceux dont la mémoire a été étouffée pour mieux la saisir dans ses mots/maux et ses images. C’est à partir de cet ensemble de «mémoires» que les réalisateurs proposent un récit en construction. En effet, ils ont choisi d’organiser la (re)construction de la mémoire des témoins via leurs récits sur leur vécu d’après-guerre parallèlement à la construction du Canal du Guadalquivir (Andalousie, Espagne), connu comme canal des prisonniers politiques franquistes et construits par eux entre 1940 et 1962. À la confluence de diverses dimensions qui aborderont la notion de lieux (et) de mémoire, il s’agira de voir comment le documentaire nourrit un travail de mémoire collective. Pour ce faire, Sabrina Grillo propose une réflexion sur la mise en mots de l’oubli dont ont été victimes les témoins du film, s’appuyant sur une analyse des stratégies filmiques privilégiées par les réalisateurs qui entendent participer à un processus, double, de patrimonialisation d’une mémoire: celle d’un lieu et celle des témoins.

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