Colloque, 11 décembre 2015

«Des obus explosent à la radio»; «Parachute flares drift in the burn time/of dream»: la guerre d’Irak dans la poésie québécoise et américaine

Olivier Parenteau
couverture
Repenser le réalisme. IIe Symposium international de sociocritique, événement organisé par Jean-François Chassay, Elaine Després, Djemaa Maazouzi, Olivier Parenteau, Geneviève Sicotte et Bernabé Wesley

«There is no escape. The big pricks are out. They’ll fuck everything in sight. Watch your backs.

Dans ces vers du célèbre dramaturge anglais Harold Pinter, écrits en 2003 au lendemain de l’annonce officielle d’une participation de l’armée britannique dans le cadre de l’opération Iraqi Freedom, c’est la grossièreté du vocabulaire qui génère la polysémie. L’expression “big pricks” permet de désigner simultanément des dirigeants infatués par leur pouvoir, des dirigeants stupides et les gros canons pointés par leurs soins.

De même, “they’ll fuck everything in sight” peut signifier que ces gouvernants vont tromper tous ceux qui se mettront au travers de leur chemin, que les conséquences de leurs décisions politiques seront catastrophiques et que les armes qu’ils vont déployer aveuglément permettront une destruction sans précédent.

Enfin, la formule “watch your back” permet quant à elle d’insister sur la lâcheté de ces chefs et sur la déloyale asymétrie de la guerre qu’ils appellent de leurs vœux. 

Aussi excessif soit-il, ce poème de Pinter n’en demeure pas moins assez représentatif de la majorité des textes poétiques occidentaux inspirés par la guerre d’Iraq. Il s’agit de poésie écrite contre la guerre, centrée exclusivement sur l’évènement qu’elle condamne et directement soutenue par l’actualité politique et militaire contemporaine de leur rédaction.  Cependant, le contexte guerrier post-11-septembre-2001 a tout de même poussé certains poètes à trouver une écriture qui refuse les simplifications outrancières et qui cherche à exprimer avec inventivité et sensibilité les chocs provoqués par la global war on terrorism et la violence qui la caractérise.

Trois œuvres poétiques ont retenu mon attention que je présente ici en respectant l’ordre dans lequel elles vont être analysées.  Premièrement, il y a le recueil Les années de guerre publié en 2014 par le poète québécois Samuel Mercier. Dans un deuxième temps, je vais vous parler du recueil Stateside publié en 2010 par la poétesse américaine Jehanne Dubrow.  Et dans un troisième temps, je vais vous parler du recueil intitulé Here, bullet publié en 2005 par le poète soldat américain Brian Turner.»

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