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Avant-propos. La convenance, géométrie variable et arithmétique sociale

Véronique Cnockaert
Sophie Pelletier
couverture
Article paru dans Du convenable et de l’inconvenant. Littérature française du XIXe siècle, sous la responsabilité de Véronique Cnockaert et Sophie Pelletier (2015)

«Ce qui est convenable, c’est de faire la grue, […] et puis de rester à bavardichonner avec les personnes de son sexe», se plaint la jeune Renée Mauperin dans le roman éponyme; par contre, enchaîne-t-elle, «une chose […] qui n’est pas convenable du tout, c’est de lire, il n’y a que deux and qu’on me permet les feuilletons dans le journal». On le sait, entre les revendications républicaines et les contraintes impériales, le XIXe siècle fut propice à une édification sans précédent de codes et de lois encadrant l’ordre des bonnes mœurs, mais aussi à une prolifération extraordinaire de manuels de bienséance.

C’est pourquoi, qu’il s’agisse de romans, de poèmes, de correspondance ou de journal, rares sont les œuvres à cette époque qui ne soulèvent pas d’une manière ou d’une autre la question du convenable, comme si celle-ci souvent présentée comme un allant de soi avait néanmoins besoin de se dire à chaque fois autrement et d’être rappelée sans cesse, tant il semble dangereux d’y manquer. En effet, un écart aux convenances entraîne inévitablement une réprobation, laquelle pourtant n’est que rarement morale, et jamais judiciaire. Quelle est alors la nature de l’infraction? et surtout, quels en sont les enjeux.

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