Cahiers Figura, numéro 05, 2001
La science par ceux qui ne la font pas
Les fictions étudiées dans ce recueil se présentent comme des «laboratoires cognitifs» où la dimension heuristique prévaut. Dire la science, expliciter la science, permet d’exprimer les modalités d’un imaginaire scientifique en augmentant aussi les possibilités de ses mises en scène (et par conséquent de son pouvoir symbolique). Parler de «récit de science» consiste également à voir dans la science une narration; quelque chose non pas qui se «fait» uniquement, mais aussi qui se dit, qui est de l’ordre du langage: qui se démontre, se déconstruit, relève parfois de la polémique, dont in peut analyses les apories comme les enjeux de légitimation.
Ces hypothèses de travail ont motivé l’analyse, dans ce cahier, de certains romans de William Boyd, Maurice Dantec, Witold Gombrowicz, Michel Houellebecq, Ursula Leguin et Howard Philips Lovecraft. On retrouvera là, déplacées, examinées sous un angle particulier, des réflexions sur la science, sur son pouvoir et ses effets, liées à la fois à des interrogations politiques et éthiques, à ces questions qui nourrissent le discours social et dont on retrouve, dans la littérature des dernières décennies, des traces évidentes.
ISBN: 978-2-923907-05-5
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Articles de la publication
Avant-propos: La science par ceux qui ne la font pas
On pourrait avancer que les textes de ce recueil sont nés d’une affirmation a priori banale: les sciences sont indissociables de la culture, la culture n’a de sens que si les sciences l’enrichissent de ses découvertes.
Les techniques et les sciences comme modalités d’incarnation du surhumain nietzschéen
Cette analyse s’intéressera à la figure du surhumain et à un certain nombre de figures secondaires telles qu’elles se présentent dans les fictions de Stanley Kubrick (2001, l’odyssée de l’espace), Michel Houellebecq (Les particules élémentaires) et Maurice G. Dantec (Babylon Babies).
L’angle mort des mathématiques
Brazzaville plage s’ouvre sur cette courte citation de Socrate, en exergue: «La vie que l’on ne soumet pas à l’examen ne vaut pas d’être vécue!» L’esprit du roman est ainsi donné: celui-ci s’inscrit d’emblée dans un processus d’analyse, d’examen, de quête de sens.
La double contrainte de la raison
L’un des traits dominants de la science-fiction, faut-il le rappeler, tient à sa tentative de joindre aux discours fictionnels certains discours de la science; à l’intérieur du topique scientifique est ménagé un espace de dialogue avec le discours littéraire où se côtoient le pouvoir d’évocation de la métaphore et une forme d’évaluation des faits ou théories scientifiques.
Les racines du réel: la science dans «Cosmos» de Witold Gombrowicz
Romancier, dramaturge, essayiste, commentateur de son propre travail, Gombrowicz est avant tout penseur. Passionné précoce de philosophie, il le demeurera jusqu’à la fin de sa vie, comme en témoigne son Cours de philosophie en six heures un quart.
«The Dreams in the Witch-House»: le laboratoire du désastre
Plus qu’un discours d’autorité, la science est devenue, au cours des deux derniers siècles, une nouvelle religion avec ses dogmes, ses lois, ses prêtres et ses avatars technologiques.
Le laboratoire du roman: fictions et représentations de la science dans «Les particules élémentaires» de Michel Houellebecq
Est-ce que la science et la littérature participent aujourd’hui d’un questionnement similaire? Le champ de la connaissance serait-il le lieu d’une nouvelle alliance entre l’observation scientifique des phénomènes et la production du sens?
Considérations sur «Les racines du mal» de Maurice G. Dantec
Au départ, l’objectif de ce texte était de dégager une analyse du roman de Maurice G. Dantec, Les racines du mal, en regard de la science et de ses représentations. Nous avions choisi de nous concentrer sur les rapports qu’on peut retrouver dans le roman entre science, laboratoire, corps, meurtre gratuit, mysticisme chrétien et nature du ma!…