Entrée de carnet

Twittori: un nouveau gadget?

Benoit Bordeleau
couverture
Article paru dans Délinéaires (2009), sous la responsabilité de Laboratoire NT2 (2009)

Alors qu’Internet promettait un accès plus facile à l’information et à la mise en relation de tous et chacun grâce à la disparition des frontières, il conviendrait de se questionner sur certaines applications récentes fournies pour les différents réseaux sociaux en ligne. Si la déterritorialisation, évoquée par Deleuze, s’est matérialisée par le développement du Web, des applications comme Twittori (permettant de géolocaliser vos tweets) semblent indiquer la direction inverse. Au lieu de suivre les monologues ou dialogues de vos microblogueurs préférés, il vous est maintenant possible de les suivre selon leur emplacement géographique, malgré le fait que les messages entrés dans Twittori soient aussi diffusés sur votre page Twitter habituelle.

L’application est intéressante dans la mesure où il est maintenant possible de lire les tweets provenant de plusieurs individus localisés à un même endroit. Un organisme quelconque voulant utiliser Twittori pour diffuser ses informations, pourrait donc très bien avoir son compte officiel, en plus de permettre des ajouts ponctuels par les individus liés à cet organisme (à condition qu’ils écrivent à partir du même «territoire Twitter»). En effet, pour permettre le bon fonctionnement du programme, la planète a été divisée en segments d’égales dimensions, tel que spécifié sur le site de l’application:

For Twittori the world has been segmented into places of equal sizes regarding latitude and longitude degree units. Though the real length of degress variates depending on how close you are at the poles. Currently that places therefore are about 500 square meters big.

Cette tendance à tout vouloir localiser sur une carte met en évidence deux choses: le désir de rassemblement même dans un réseau social virtuel, puis la géographie parallèle du Web. Ce type de rassemblement permet-il un meilleur accès à l’information véhiculée par les autres ou bien l’application fait-elle en sorte de compliquer inutilement les réseaux de relations? Peut-être y a-t-il un peu de vrai des deux côtés. Considérant que Twitter permet déjà de s’affilier à quiconque, sans application supplémentaire, Twittori se présente comme un gadget, destin d’une foule d’applications qui émergent sur le Web de façon quotidienne, que ce soit pour votre iPod, iPhone ou votre ordinateur portable… D’un autre côté, cette mise en relation par l’entremise de ces « aires numériques » n’est pas sans rappeler le désir d’habiter l’espace numérique. Évidemment, si on pense à Second Life, Twinverse ou d’autres mondes «habitables» des jeux massifs multi-joueurs en ligne dans la veine de World of Warcraft, Twittori apparaît bien pâle avec son principe de microblogue permettant d’envoyer des messages de 140 caractères ou moins… ou plutôt 120 caractères en ce qui concerne Twittori puisque l’adresse numérique, jointe automatiquement aux messages envoyés, en compte vingt. Twitter a toutefois l’argument de la mobilité, étant accessible partout et étant peu demandant pour l’ordinateur.

Vous pouvez visiter le site de Twittori pour y géolocaliser vos tweets à l’adresse suivante: http://www.twittori.com/.

Le Laboratoire NT2 a décidé de camper dans les environs de son emplacement géographique réel. Vous pourrez le retrouver à l’adresse http://www.twittori.com/#cIrPRW.

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