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Mon père a tué la Terre

Neli Dobreva
couverture
Article paru dans Romans québécois et canadiens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: April, Jean-Pierre. 2008. Mon père a tué la Terre. Montréal, XYZ, Montréal, 155 pages.

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Jimi, un jeune garçon qui vit à dans la campagne québécoise, contemporaine et rurale, quitte progressivement le monde de ses idéalisations enfantines : peur panique des dindes volantes, hommage ému à Julie son amie la truie, trocs avec son père pour qu’il dissimule ses achats de barres chocolatés en échange du silence de Jimi sur les achats de bière de son père…

À l’heure de la mondialisation et de l’ère numérique, Jimi prend conscience, par à-coups plus ou moins cocasses, du monde adulte qui l’entoure : son père, qu’il prenait pour un extraterrestre reclus dans son bureau cave et qu’il découvre comme auteur de livres de science-fiction, en proie à un désespoir cynique chronique, le couple parental idéalisé qui vole en éclats, et qui fait entrer de nouveaux conjoints dans la vie des parents et, donc, dans celle du jeune garçon.

En bref, Jimi fait la découverte de l’agonie de l’avenir !

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman-nouvelles : amalgame de fiction, d’autofiction et de science-fiction.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration fragmentaire et enchâssée, monologues intérieurs croisés du père et du fils, dialogues, récits d’anticipation, monde rapporté tel que l’auteur l’estime vu du point de vue de son fils, narration du fils, balbutiement enfantins.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

Le récit commence le 11 septembre 2001, de façon organique par un mal au ventre.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

La principale voix narrative de ce roman-nouvelles à la structure enchâssée est celle du Jimi : nous écoutons son récit, dès l’incipit du livre, et découvrons à travers son regard déformant de très jeune garçon ces événements, centrés sur les tours de Manhattan, aux contours fantastiques pour l’esprit de l’adolescent et, par conséquent, pour la perception qu’en a le lecteur : « Je me demandais si elle n’avait pas un peu de parenté dans la tour trouée. Ou peut-être qu’il y avait plus de vingt, trente, quarante morts. »

Les médiats représentés sont la télévision et la radio.

Aucun moyen de transport n’est représenté en lien avec le 11 septembre.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Les liens ne sont pas essentiellement nombreux ni très précis. Mais l’évocation de ces événements, dès l’incipit et par le protagoniste central du livre, place résolument le récit à l’ère du World Trade Center.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Les sons ne sont pas particulièrement présents.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Il n’y a pas de travail iconique.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Jimi est un jeune garçon qui vit à la campagne. Celle des vaches industrielles, à l’heure de la mondialisation et des jeux vidéo. Une vie marquée par une dinde volante, la disparition du centre du monde et la mort violente d’une truie sympathique, son amie Juliette. Un jour, Jimi prend conscience que son père est un extraterrestre. Ou plutôt un écrivain de science-fiction. Quand Jimi lira ses anticipations, il y découvrira l’agonie de l’avenir. La Terre est en péril, de même que la famille de Jimi, menacée par le divorce.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Pour Hugo
À Jo Bérubé
et Ariane Tremblay

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

Jean-Pierre April n’écrit plus de science-fiction. Il nous offre ici un roman-nouvelles intitulé Mon père a tué la terre. Cette œuvre aussi qualifiée par l’éditeur d’auto-science-fiction raconte les états d’âme d’un jeune garçon. Le lecteur s’attachera rapidement à ce petit garçon qui vivra entre autres le divorce de ses parents. Il découvrira aussi son père, un écrivain de science-fiction, en lisant quelques unes de ses œuvres. J’ai particulièrement aimé le style d’écriture d’April : surtout la façon dont s’y prend le garçon pour raconter ses petites histoires quotidiennes et l’humour qui en ressort par les excellents jeux de mots. (https://web.archive.org/web/20100616035534/http://www.pauselecture.net/recherche/fiche_livre.php?id=5084 [Page consultée le 11 août 2023])

Impact de l’œuvre

Impact inconnu

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Écrivant la plupart du temps des nouvelles de science-fiction, dont des extraits sont enchâssés dans Mon père a tué la terre, l’auteur J. P. April utilise cette fois-ci un événement évoquant aisément les codes fantastiques d’un récit de science-fiction, les attentats du 11 septembre 2001 à New York, pour basculer dans l’autofiction. Un regard sur le monde contemporain où se retrouve, dans les yeux de son fils en pleine mutation, le pessimisme cynique de l’auteur d’anticipation, à l’aune des effets pervers de la cyber-société postmoderne. Le récit s’ouvre sur les attentats, mis en parallèle avec une banale douleur enfantine, mais source d’inquiétude maternelle comparable à la fibre pleine de gravité de la mère veillant sur le berceau. Ainsi, également, de la rencontre avec la dinde volante, Urubus, qui nous invite au dépassement des phobies infantiles isolées par Freud.

Les attentats du 11 septembre 2001 sont traités comme un événement inévitable, dans un monde de science-fiction qui s’est confondue avec la réalité. Le personnage principal, Jimi, représente ce flou du monde, vu d’en bas, dans la perspective de grenouille d’un enfant en pleine construction de son monde. C’est comme si regarder les événements du point de vue de l’enfant pouvait amoindrir leur gravité, laissant de l’espace pour construire et reconstruire. C’est peut-être, pour l’auteur, la manière de caractériser son optimisme pour l’humanité : tuer la Terre, oui, mais juste pour mieux la sauver ! L’auteur utilise les attentats du 11 septembre 2001 pour exercer la déconstruction nécessaire, qui lui permet finalement de donner un visage à ce qui relève de l’impossible à supporter : la mort et la guerre, comme dans le jeu vidéo préféré de Jimi, The End of All the Worlds.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

« Ça alors ! Les nouvelles devaient être bonnes pas à peu près ! Puis j’ai pensé que non, en me souvenant de l’avion dans la tour. Peut-être que ça les avaient ébranlées un peu, la tour et Mariannick.

Peut-être même qu’il y avait tout un trou dans la bâtisse.

Peut-être même pire, mais là, je ne pourrais pas dire.

C’est alors que j’ai vu des larmes rouler sur ses joues. Mariannick ne les essuyait pas, comme si elle ne s’en rendait même pas compte. Je me demandais si elle n’avait pas un peu de parenté dans la tour trouée. Ou peut-être qu’il y avait plus de vingt, trente, quarante morts. »(p. 15)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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