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Métro, nitro, Ground Zero. Ombres et lumières du 11 septembre dans «Batman Begins», «V for Vendetta» et «Spider-Man 2»

Nicolas Xanthos
couverture
Article paru dans Fictions et images du 11 septembre 2001, sous la responsabilité de Bertrand Gervais et Patrick Tillard (2010)

Pour moi comme, je crois, pour la plupart d’entre nous, le 11 septembre n’a jamais existé hors des discours qui l’ont constitué. Même durant cette matinée-là, que j’ai passée devant ma télévision, le 11 septembre n’a pas été un hypothétique «fait bru »: il a été, d’abord, une suite d’images, certaines en direct, d’autres en différé et en boucle, commentée par les journalistes, puis par des experts. Il a été le produit d’un cadrage, d’une segmentation, d’un découpage, visuels ou verbaux. Sans procéder à une analyse complète, on peut identifier quelques caractéristiques manifestes des célèbres images d’avion fonçant contre l’une des tours jumelles et y explosant. Plusieurs de ces caractéristiques sont évidemment conjoncturelles à l’origine; reste que cette conjoncture a fini par structurer l’appréhension de l’événement. On ne peut manquer de constater que ces images forment une séquence très courte, qui ne présente de l’action commise ce jour-là que la toute fin et qui en vient à limiter le 11 septembre à ces quelques secondes spectaculaires. Sans doute avons-nous tous encore en tête ce grand plan fixe extrêmement large, filmé depuis la tour de CNN, présentant presque au centre de l’image le World Trade Center, puis l’arrivée de l’avion, seul objet mobile de l’image, qui va percuter le gratte-ciel, comme un projectile improbable et imprévisible dont toute la fixité de l’image marque en retour la complète hétérogénéité dans ce monde jusque-là parfaitement stable.

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