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L’imaginaire post-apocalyptique au cinéma. Sublime, déchéance et dystopie
Jim s’éveille dans une chambre d’hôpital, nu et branché à quelques instruments médicaux visiblement hors d’usage. Il est seul; la pièce est déserte. Il se lève et arpente les corridors. Le désordre ambiant indique qu’on a dû précipitamment quitter les lieux. À l’extérieur, Jim est confronté au même spectacle: la ville paraît avoir été dépeuplée. Dans les rues ne figure aucun passant et aux fenêtres n’apparaît aucune silhouette. Les premières séquences du film 28 Days Later de Danny Boyle (2003) rappellent à quelques détails près celles de Quiet Earth de Geoff Murphy (1985). Dans les deux cas, un individu s’éveille dans un monde qui s’est brusquement évanoui. En fait, ne reste plus de part et d’autre que de l’espace inanimé; autrement dit, plus rien n’a lieu. Si le film de Boyle ne tarde pas à sombrer dans le drame d’horreur, celui de Murphy maintient l’intrigue autour de ce mystérieux abandon qui devient vite prétexte à quelques savoureuses réflexions métaphysiques. Les nombreuses similitudes que manifestent les cinq premières minutes de ces deux films, que près de vingt ans séparent, ne concernent pas exclusivement l’histoire qui semble vouloir y être racontée. En effet, ces séquences d’abandon en rappellent également d’autres présentes dans des récits aussi hétéroclites que ceux proposés par Le dernier combat de Luc Besson (1983), The Omega Man de Boris Sagal (1971) ou par 12 Monkeys de Terry Gilliam (1995). Si les récits de ces films diffèrent à plusieurs points de vue, une évidente constante néanmoins demeure: dans tous les cas, un individu est au départ confronté à la solitude dans un monde devenu subitement inoccupé.