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L’imaginaire «asiatique» de Ying Chen, d’Ook Chung et d’Aki Shimazaki
Les écrivains migrants se retrouvent d’emblée, qu’ils le veuillent ou non, dans une situation délicate: comme ils sont placés entre -au moins- deux réalités, on s’attend toujours d’eux à ce qu’ils prennent position. Leur choix ne passera pas inaperçu -qu’ils choisissent de perpétuer la ligne de leurs prédécesseurs, qu’ils s’en démarquent en «migrant» vers des contrées tout à fait opposées, ou encore qu’ils se fondent dans la masse afin d’exploiter la couleur locale du pays d’adoption.
Le but de notre présentation est de montrer que même si les trois écrivains que nous avons choisi d’étudier viennent d’un horizon géographique commun (Asie du sud-est) et par conséquent partagent un système de croyances comparable (le confucianisme, le bouddhisme), leur écriture varie à tel point qu’il est difficile de parler d’un seul imaginaire asiatique. D’ailleurs, qu’est-ce que l’imaginaire «asiatique»? Qu’est-ce que l’imaginaire «migrant» ou «national»? Neil Bissoondath ne croit pas à l’existence d’une littérature nationale qui serait une façon de raconter propre à un pays ou à une culture. Fulvio Caccia est du même avis. Pour lui, l’«imaginaire migrant est une fiction. C’est une convention qui désigne l’étape intermédiaire séparant un état d’un autre -un passage. Elle ne trouve son utilité que dans son dépassement». Et qu’en est-il de l’imaginaire «québécois»? Toutes ces questions sont soulevées depuis au moins une vingtaine d’années, depuis la consécration d’un nombre de plus en plus important d’auteurs nés hors des frontières québécoises.