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Les failles de l’exploitation minière dans «117 Nord» de Virginie Blanchette-Doucet et «Les héritiers de la mine» de Jocelyne Saucier

Jessee Chouinard
couverture
Article paru dans De la possibilité de nos cohabitations, sous la responsabilité de Catherine Cyr et Jonathan Hope (2022)

[Photographie de la Mine Canadian Malartic au soleil couchant en Abitibi-Témiscamingue] Courtoisie de Canadian Malartic. https://canadianmalartic.com/fr/medias/photos-et-videos/#gallery1-9

[Photographie de la Mine Canadian Malartic au soleil couchant en Abitibi-Témiscamingue] Courtoisie de Canadian Malartic.

Écoféminisme(s): un terrain glissant auquel s’accrocher

Issu de la contraction entre les mots «écologie» et «féminisme», l’écoféminisme, pensé par Françoise D’Eaubonne en 1972, est une synthèse des réflexions de Serge Moscovici et de Simone de Beauvoir. D’Eaubonne superpose l’idée que la nature est une construction sociale servant à légitimer les volontés des hommes qui se sont construit des milieux favorables, à une pensée s’opposant à la naturalisation du rapport de domination des hommes sur les femmes. Ce faisant, d’Eaubonne dénonce l’organisation sexiste de la société qui a mené à la domination des femmes et au saccage de la nature. La révolution féministe apparaît dès lors nécessaire à la révolution écologiste. S’il a d’abord été pensé en France, en peu de temps, des alliances de femmes faisant partie du mouvement pour la paix, du mouvement écologiste ainsi que du mouvement pour la libération des femmes se sont rassemblées aux États-Unis en réponse à la course pour l’armement nucléaire (Hache: 14). Les années 1980, en plus d’être marquées par la Guerre froide, sont celles de déforestations massives entraînant la perte de 151 millions d’hectares de forêt, principalement dans le bassin amazonien, et de grandes famines au Cambodge, en Ouganda, en Éthiopie et en Somalie. Ainsi, des femmes craignent pour leur futur et celui de leurs enfants. Elles manifestent contre toutes les formes de violence économiques, sociales et environnementales de façon pacifique.

L’écoféminisme se crée à même le terrain, donnant de ce fait une grande liberté aux militantes. Des chercheuses anglophones telles que Susan Griffin, Carolyn Merchant, Mary Daly et Vandana Shiva construisent un écoféminisme aux ramifications plurielles et intersectionnelles. Bien que l’on trouve parfois des désaccords, particulièrement en ce qui touche à l’essentialisation des femmes qui naturalise la domination des hommes sur elles en raison d’un lien plus étroit avec la nature, quelle que soit sa tendance, «[l]’écoféminisme prend le risque d’avancer que le corps, qu’il soit celui d’une femme ou d’un homme, n’est pas aliénant en lui-même. Ce sont bien les usages sociaux qui lui sont dictés qui en font une cage.» (Gandon: 11-12) Au-delà des différences, les pensées écoféministes «mettent au jour les liens entre le vivant et les différentes formes de domination» en ayant comme objectif la préservation globale du monde. (Casselot et al.: 18) La pluralité des pensées permet de rendre compte de l’unicité et de la complexité entrecroisée de chacune des situations. En ce sens, les textes ou les lectures écoféministes de textes font émaner une force «liée aux types de récits qu’ils fabriquent, qui leur ont valu d’être attaqués pour avoir tenté, précisément, de sortir de notre culture dominante –prédatrice, misogyne, transcendante– et d’avoir réussi.» (Hache: 18-19)

Dans le cadre de cette brève analyse de deux romans québécois, soit 117 Nord de Virginie Blanchette-Doucet et Les héritiers de la mine de Jocelyne Saucier, dont l’action se situe en plein cœur de l’espace minier en Abitibi, une des ramifications de l’écoféminisme nous apparaît particulièrement pertinente. L’écoféminisme politique, qui allie le féminisme radical à l’écologie sociale, permet de reconnaître plus spécifiquement «les maux occasionnés par les déplacements de marchandises et de travail, la concentration des capitaux, l’exploitation des humains, la destruction des écosystèmes et l’appropriation des ressources contrôlées en grande partie par les hommes.» (Casselot et al.: 82) En suivant cette piste de réflexion, on peut donc se questionner sur la façon dont ces œuvres d’autrices québécoises sont au diapason des enjeux contemporains en ce qui a trait à l’environnement en montrant les conséquences de l’exploitation minière, tant sociales qu’environnementales.

 

L’investissement de l’espace minier en littérature

On retrouve en sol québécois, en 2020, vingt et une mines actives, soit huit mines d’or, quatre de fer, deux de nickel-cuivre, une de zinc-cuivre, une d’ilménite, une de sel, une de niobium, une de mica, une de graphite et une de feldspath. On compte également vingt-sept projets miniers, ce qui représente une croissance généralisée du Québec minier (ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles: 1). Or, il est impossible d’obtenir des chiffres précis en ce qui concerne les mines fermées, dont certaines peuvent être «orphelines» en cas de faillite de la compagnie exploitante (Simard: 97). Devant une telle occupation du territoire et une exploitation du sol, certaines œuvres littéraires, plus particulièrement celles en provenance des régions associées au développement minier telles que la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, l’Outaouais et l’Abitibi-Témiscamingue, s’en trouvent marquées.

C’est notamment le cas de 117 Nord (2016), un roman dans lequel la trajectoire de la narratrice, Maude, est complètement chamboulée par la réouverture de la vieille mine locale. Sa maison, qui se trouve sur le terrain qui sera dorénavant exploité, est démolie en échange d’une somme d’argent pour acheter la paix. Les sentiments de Maude à l’endroit de la mine sont mitigés. Elle y occupe un emploi, ce qui lui permet de voir de l’intérieur le fonctionnement de cette industrie destructrice. Son expérience est également marquée par son genre : seulement deux femmes semblent travailler à la mine. Peu après avoir quitté son emploi, Maude se retrouve au volant de la voiture de Francis, son ami et ancien voisin. Elle effectue de fréquents allers-retours entre Montréal et Val-d’Or alors que Francis, lui, reste en région et continue de travailler à la mine. Entre les fragments du passé et du présent, la narratrice témoigne de la beauté et de la dureté de l’Abitibi. Déconstruisant l’idée d’une nature vierge et inexploitée, elle lève le voile sur les cicatrices laissées par les projets d’exploitation minière. Elle sait que derrière les lisières d’arbres et les clôtures érigées par les compagnies pour restreindre l’accès aux lieux d’exploitation, se trouvent des bassins de décantation, des montagnes de gravier stérile, des déchets, des trous. Les ruines font désormais partie du paysage, et malgré l’engagement des compagnies à remettre les sites dans leur état, rien ne sera plus jamais comme avant.

Le roman de Jocelyne Saucier, Les héritiers de la mine (2000) met aussi en scène les épreuves d’une famille en contexte minier. La découverte d’un important gisement de zinc par LePère Cardinal entraîne une exploitation minière considérable mise en œuvre par la compagnie Northern Consolidated et la création de la ville de Norco. Des années plus tard, en raison de la chute du prix du zinc, la compagnie ralentit puis cesse ses activités, ce qui mène à la désertification progressive de la ville. Il ne reste alors plus que les vingt et un enfants du clan Cardinal qui règnent sur la ville en décrépitude. Leur imaginaire est marqué par le travail acharné de leur père ainsi que par le rapport particulier qu’ils entretiennent avec le lieu. En dépit de leur grand nombre, ils sont tout de même près les uns des autres et élaborent ensemble des plans douteux, dont celui de faire exploser la mine. Cependant, les conséquences de cet événement sont tragiques: Angèle, surnommée LaJumelle, meurt dans l’explosion. Les enfants réussissent à garder cette mort secrète en évitant tout rassemblement qui donnerait l’occasion à LaMère de les compter comme elle l’a souvent fait. Ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard que le secret est dévoilé lors d’un événement commémorant la découverte du gisement par LePère. Lorsque tous les enfants se retrouvent dans la salle, LaMère découvre enfin qu’une de ses filles est décédée. Les fragments de discours des six narrateurs lèvent le voile, non seulement sur la fin tragique de LaJumelle, mais aussi sur l’ensemble des répercussions environnementales et sociales de l’exploitation minière.

Dans ces deux œuvres, on retrouve, pour reprendre les propos de Francis Langevin, «des espaces régionaux précis, des lieux qui sont spécifiés, problématisés, rendus signifiants au-delà de leur rôle immédiat de décor.» (Langevin, 2016) L’espace minier, qu’il soit en train de s’établir ou bien lentement en train de s’effacer, est un actant à l’avant-plan du récit. Il s’impose «comme un enjeu diégétique, substance génératrice, agent structurant et vecteur signifiant. Il est appréhendé comme moteur de l’intrigue, véhicule de mondes possibles et médium permettant aux auteurs d’articuler une critique sociale.» (Ziethen: 3-4) L’imaginaire de l’Abitibi-Témiscamingue, région reconnue pour l’abondance des ressources naturelles qui s’y trouvent, est réinvesti de sorte que ses failles sont mises en évidence par les narrateurs qui en font l’expérience. Les villes minières de Norco et de Val-d’Or influencent d’ailleurs la trajectoire des personnages, les poussant même vers l’extérieur afin d’en avoir une vue d’ensemble. Suivant les travaux d’Isabelle Kirouac Massicotte portant sur l’imaginaire minier, il est possible de définir un chronotope de la mine. Concept d’abord développé par Mikhail Bakhtine, le chronotope correspond à la corrélation et l’indissociabilité du temps et de l’espace. Ainsi, il est possible de constater qu’un schéma se reproduit ou s’actualise dans les récits dont l’action se déroule dans un contexte minier: les étapes fondamentales de l’exploitation minière participent à la création de conséquences sociales et écologiques similaires. Cette analyse a donc pour objectif de s’intéresser aux rapprochements possibles entre deux œuvres séparées par près de deux décennies.

 

«Fous pour des bouts de roches…»

L’omniprésence des mines au sein de ces deux œuvres organise non seulement l’espace de façon particulière, mais également les pensées des différents personnages. L’avenir de la ville et de ceux qui l’habitent se dessine au travers du succès ou de l’échec de l’exploitation minière. Ainsi, l’idée de découvrir de précieux minéraux devient un véritable mode de vie, une obsession. Comme l’admet la narratrice de 117 Nord: «On aimait bien l’idée d’être fous pour des bouts de roches.» (Blanchette-Doucet: 17) Cette folie qui accapare l’esprit des habitants de ces villes fait émerger des normes, des désirs, des mythes, et des angoisses minières, dont ceux de la réussite et de la richesse. Cependant, ce modèle de réussite est une construction sociale et symbolique. Le minerai n’a de valeur que lorsqu’on lui en donne une; la fluctuation des marchés a le dernier mot sur les décisions prises par les patrons. La valeur symbolique accordée aux «bouts de roches» dont parle Maude dans 117 Nord est d’autant plus perceptible dans Les héritiers de la mine. En effet, lorsque le prix du zinc chute, la mine réduit ses activités jusqu’à complètement les cesser. Débute dès lors l’inévitable désillusion propre au chronotope minier: il y a une déchéance progressive du village mono-industriel qui aboutit à sa complète désertification.

Une dynamique particulièrement riche (et problématique) dans le chronotope minier concerne la répartition et la configuration des rôles genrés. Kirouac Massicotte note à cet effet que le chronotope minier est «hautement sexualisé et [qu’il] génère une hiérarchie entre les protagonistes, qui doivent leur statut au rapport plus ou moins étroit qu’ils ont avec la mine; il s’agit d’un espace d’oppression qui déshumanise, même s’il est souvent idéalisé dans les œuvres.» (Kirouac Massicotte: 22-23) Le discours des enfants dans Les héritiers de la mine témoigne précisément de ce rapport genré à la mine:

Notre père, pâle figure de ce qu’il était véritablement et qu’il ne nous a jamais donné à connaître tellement il était tyrannisé par l’obsession de la roche. Notre mère, pourtant présente, toujours à sa cuisine, perdue dans le ferraillement des chaudrons et les vapeurs de cuisson, et qui, à force d’être là, nous est devenue invisible. (Saucier: 28)

Les actions du père, parce qu’elles sont directement liées à la mine et à la capitalisation du minerai, sont valorisées. C’est lui qui prend financièrement en charge le ménage et qui s’assure ainsi de mettre du pain sur la table, sans toutefois participer à sa confection. Cette division du travail entraîne des actions remplies de violence découlant de l’organisation de l’espace. Ici, les propos d’Albertini au sujet de cette division éclairent ce qui se met en œuvre dans Les héritiers de la mine tout autant que dans 117 Nord: «[l]a production capitaliste développe donc la technique et la combinaison du progrès de production qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse: la terre et le travailleur.» (Albertini: 20) La prospection, remplie d’espoir, mène à la découverte de l’énorme gisement de zinc situé sur la montagne, mais le pouvoir de la compagnie écrase les rêves de prospérité; un individu seul, même supporté par l’énorme masse de sa descendance, ne peut vaincre la machine oppressante mise en branle par les grands patrons anglophones, éloignés de la réalité tant par l’espace que par le langage. Une fois le gisement de zinc épuisé, la minière Northern Consolidated plie bagage, laissant dans son sillage des retombées économiques négatives et un tissu social effiloché. Le rêve du père le pousse au bord du gouffre, où il y perd finalement ce qu’il avait de plus précieux, un de ses enfants. Ce type d’exploitation décrit par l’autrice fait directement référence au free mining, permettant un libre accès aux territoires à des fins d’exploration, et aux claims, une sorte de droit d’exploitation à des fins minières qui octroient aux compagnies le droit «d’accéder au sous-sol québécois sans grandes contraintes des propriétaires ou des réglementations.» (Simard: 206) Les prospecteurs, comme le personnage du père, sont donc de grands rêveurs; ils échangent leurs découvertes contre de minces parcelles de richesse. Le roman de Saucier, notamment par la longue temporalité de sa diégèse, expose à la fois la précarité de l’emploi et les conditions nébuleuses liées à la prospection dans le réel. Il va sans dire cependant que le rapport de proximité entre la mine et les travailleurs, qui sont majoritairement des hommes, crée un angle mort sur la contribution des femmes au sein de ce système. L’écoféminisme politique, dont il sera question dans la prochaine partie, permet un regard critique sur le travail des femmes dans l’environnement minier.

 

Dans l’ombre: le travail des femmes

Le chronotope minier contribue à l’invisibilisation, ou à tout le moins à la non-valorisation du travail des femmes. C’est particulièrement le cas de la mère dans Les héritiers de la mine, une femme dont il est rarement question, puisqu’elle occupe un rôle permanent et invariable dans le roman. En effet, le seul moment où elle quitte la cuisine est lors de ses errances nocturnes pour s’assurer de la présence de tous ses enfants, mis au monde les uns après les autres avant d’être aussitôt déposés dans les bras de l’aînée. Dans son analyse du roman, Kirouac Massicotte note que l’aînée est «l’héritière de la destinée de femme de sa mère, qu’elle ne quittera que pour reproduire elle-même le cycle du mariage et de la maternité, et donc du sacrifice d’une vie.» (Kirouac Massicotte: 179) Destinée au sacrifice, la mère est cloîtrée dans la cuisine où elle doit produire, de manière industrielle, une grande quantité de nourriture. Du matin au soir, elle est affairée à la tâche, silencieuse ou répétant à voix haute ses recettes afin de ne pas les oublier: «Notre mère, elle n’avait pas le temps. Elle nous avait préparé son repas des grands jours et c’est à peine si on pouvait la voir derrière sa table gargantuesque, tellement la fatigue de toute une vie la rendait invisible.» (Saucier: 14) Inversement, le père quitte toujours la maison pour explorer, pour prospecter. Il est un pilier de l’espoir d’une plus grande richesse et apparaît comme un héros aux yeux de ses enfants. Cette différence marque d’ailleurs une frontière invisible qui s’établit en réponse à la sexualisation des espaces en contexte minier. Que les femmes se sacrifient à la maison est souhaitable dans le système capitaliste, permettant conséquemment aux hommes de se donner, à leur tour, corps et âme à la mine1Aux yeux des mineurs, la première raison de cette séparation réside dans la croyance que la présence des femmes dans la mine porte malheur: elle ferait disparaître le minerai (Desjardins et Monderie: 2011). D’autres raisons fréquemment mises de l’avant sont liées aux dangers de la mine: les hommes, êtres virils, seraient mieux disposés à affronter. Les croisements des raisons économiques et sociales, liées au système patriarcal capitaliste, mènent ainsi les femmes à se terrer dans la maison, laissant les hommes explorer leurs rêves..

Dans 117 Nord, mis à part les souvenirs de la mère de Francis, silencieuse dans la cuisine, la division sexuelle du travail se remarque par le biais d’un environnement accordé au masculin. Maude remarque ainsi: «Dans le t-shirt trop grand qui me donne l’air d’avoir douze ans et le pantalon de toile bleu foncé, ma démarche devient automatiquement plus calme, plus masculine.» (Blanchette-Doucet: 19) Maude, l’une des deux seules travailleuses de la mine, se trouve dans un environnement qui lui fait perdre ses caractéristiques féminines et personnelles, en portant désormais le même uniforme que tous les autres. L’uniforme en plus «des numéros immenses peints sur le métal des camions» (Blanchette-Doucet: 104) contribuent à l’anonymat et à l’homogénéisation des travailleurs: au travers des surnoms qu’ils se donnent, peu d’entre eux connaissent la véritable identité des uns et des autres. Non seulement l’espace minier déshumanise, il fait également fi des caractéristiques individuelles qui peuvent influencer les actions des différents personnages. Les tâches à réaliser ne s’adaptent pas aux travailleurs et aux travailleuses. Pour se fondre davantage dans la masse, la narratrice doit dès lors se prêter entièrement au jeu: «Le dernier été, je maniais l’équipement en prétendant que ce n’était pas trop lourd pour moi.» (Blanchette-Doucet:126) Pour que sa place soit reconnue par les pairs, elle doit pouvoir passer inaperçue dans le lot en tentant d’entretenir un rapport tout aussi étroit avec la mine. Or, elle ne peut pas passer inaperçue en raison de l’aide dont elle a besoin. Si elle peut en recevoir, cela ne se fait toutefois pas sans conséquence puisque chaque action doit être compensée: «Je ne disais pas merci, mais je mettais son dîner dans le réchaud, je lui apportais les outils dont il aurait besoin avant qu’il ne les demande. Il m’avait appris l’orgueil.» (Blanchette-Doucet: 67) La nécessité de l’Autre pour obtenir de l’aide fait en sorte que Maude doit travailler davantage pour prouver qu’elle a sa place au sein de cet environnement de travail. Elle en est néanmoins consciente et utilise subséquemment son expérience, tant celle de la mine que celle de l’atelier d’ébénisterie, pour critiquer ces conditions de travail.

Dans Les héritiers de la mine, même si les enfants ne sont pas des travailleurs, l’environnement influence malgré tout leur construction identitaire. Angèle, surnommée LaJumelle parce qu’elle est identique à sa sœur, mais n’a rien de spécial aux yeux des autres, ne recouvre son nom qu’à partir du moment où son rapport à la mine est problématisé: «Parce que… nous étions tellement nombreux, il y en a qui sont passés inaperçus dans le lot.» (Saucier: 18) C’est ainsi qu’une lecture écoféministe de l’œuvre permet de mettre en évidence les maux liés à l’exploitation minière. L’effondrement de la mine et de ce qu’elle représente aide, en dépit de la tragédie, les autres personnages à échapper à la fois au piège capitaliste et à la déshumanisation qui s’en suit. Il en va de même sur le plan environnemental, où les écosystèmes échappent dès lors à l’appropriation des ressources et à la destruction par les compagnies.

 

Le sillage de la disparition

Les conséquences de l’exploitation minière, dans les œuvres, dépassent également la question sociale. Si l’espace minier mène à la déshumanisation, il entraîne aussi dans son sillage la désillusion ainsi que la désertification des espaces, plus spécifiquement au cours de l’établissement de la mine, avec les expropriations, puis lors de sa fermeture. L’inévitable catastrophe se présente différemment dans les deux romans. Dans Les héritiers de la mine, la catastrophe initiale, c’est-à-dire avant la destruction de la mine par les enfants, est la fermeture de la mine et la désertification subséquente du village de Norco. La fermeture de la mine par la compagnie Northern Consolidated devient un marqueur de temps essentiel pour les narrateurs: il y a un «avant» et un «après» cette annonce fatidique (comme c’est le cas avec l’annonce de l’ouverture de la mine dans 117 Nord). Alors que les maisons disparaissent et que la ville part en friche, les enfants Cardinal perdent leur innocence:

La mine était fermée, Norco s’effritait, les maisons disparaissaient (on les déménageait ou nous les brûlions), la broussaille envahissait les carrés de ciment, la mauvaise herbe broutait les rues défoncées: nous régnions sur Norco. Norco aurait dû s’appeler Cardinal, parce que le zinc de cette mine, c’était notre père qui l’avait découvert et qu’on lui avait volé. (Saucier: 6)

La désertification de la ville met en lumière l’agentivité de la nature qui reprend ses droits après l’exploitation2D’ailleurs, l’idée d’une nature qui reprend ses droits renvoie à la notion d’agentivité, étant donné qu’un acteur ou un actant peut être «[t]oute chose qui vient modifier une situation donnée en y introduisant une différence devient un acteur.» (Quéré:3). Ici, la présence accrue de végétation, auparavant réduite et entretenue lorsque le village était bien populeux, fait ressortir des enjeux environnementaux qui dépassent ceux soulevés par l’opération minière: ces végétaux sont-ils réellement «envahissants»? N’étaient-ils donc pas présents avant les carrés de ciment et les rues? Quoi qu’il en soit, cette végétation qui pousse enfouit des preuves de l’échec de l’exploitation minière et elle efface les traces d’habitation. L’image devient d’autant plus marquante lorsque c’est la nature qui reprend finalement le contrôle du lieu, mettant éventuellement un terme à l’occupation humaine.

Le village minier très réel de Joutel, situé à quatre-vingts kilomètres au sud de Matagami, est un bon exemple de l’effacement progressif du passage de l’humain après un échec minier. Peu à peu, les gens pris au «piège des ressources premières (resource curse)» (Fournis: 11) ont quitté cette localité, faute de travail, car les mines n’étaient plus rentables, puis par manque d’institutions et de commerces. Les bâtiments et les installations ont été déplacés, détruits ou abandonnés, laissant ainsi près des trous d’autres espaces «vides». Selon les témoignages d’anciens habitants recueillis par Karine Mateu, les souvenirs d’un temps révolu persistent alors que les vestiges verdissent et s’effondrent; ils sont forcés de recommencer leur vie ailleurs, emportant avec eux des images de ce qui a déjà été et ne sera plus jamais. Ces villes disparues, désormais englouties par la végétation, montrent

l’échec d’un développement minier durable […], plutôt que l’effervescence et le profit que cet épisode éphémère a pu engendrer. Cet imaginaire de l’erreur et du regret est alimenté par l’enfouissement des restes de la ville, qui prend la forme d’une tentative de dissimulation ou d’effacement des résidus de cette exploitation minière. (Bellemare-Page et al.: 118)

Le retour de la nature contribue à l’évacuation des habitants. La présence accrue de végétation, régnant maintenant sur les décombres d’un rêve humain, fait prendre conscience de la domination antérieure de la mine, abandonnée parce qu’elle n’est plus assez rentable, mais surtout à la destruction parallèle de l’environnement. Les ruines des installations humaines occupent le paysage alors que foisonnent également les éléments appartenant au registre du plus qu’humain. Le cycle de vie de la mine est établi en fonction de son rendement immédiat; lorsque celui-ci diminue à cause de l’épuisement du gisement, l’exploitation cesse. Du côté de la nature, cela marque le fourmillement d’une autre période: alors que la topographie est modifiée, que les sols sont pollués et que le paysage est transformé, le sous-sol s’en trouve également affecté, étant désormais dépourvu du minerai antérieurement convoité (Desjardins et Monderie: 2011). La vie reprend dès lors son cours partout là où elle peut s’établir, puisque les compagnies ne sont plus présentes pour la combattre, pour la dominer, la retirer ou la déplacer. Cet exemple tiré du réel met en évidence la façon dont l’œuvre de Saucier est au diapason des enjeux contemporains en lien avec l’exploitation minière. Pour les habitants de la ville fictive de Norco, la fermeture de la mine représente la fin d’une époque, la fin de l’insouciance.

Tant dans l’œuvre de Saucier que celle de Blanchette-Doucet, la désillusion peut également apparaître dans les récits par la recomplexification de l’espace. Grâce aux différentes perspectives mises en évidence par des personnages qui ont l’expérience du terrain, on se retrouve ainsi à lire des discours qui rendent compte «des tensions, des conflits et [des] oublis» (Bellemare-Page et al.: VIII) laissés dans l’ombre par la simplification de l’imaginaire minier. La narratrice de 117 Nord investit par ailleurs son discours d’un imaginaire sur les espaces abitibiens, ce qui a pour effet de troubler les idées reçues:

Les gars ne parlent pas de mines, de poussière, de tremblements de terre causés par les explosifs. Ils voient l’Abitibi comme une forêt infinie à l’été sauvage, paysage brut, et font des blagues sur la quantité de maringouins et le temps qu’il faut pour être vidé de son sang quand on va dehors. Même s’ils n’y vont jamais. (Blanchette-Doucet: 27)

Mais la réalité est tout autre, «[l]’Abitibi est trop belle et trop dure» (Blanchette-Doucet: 16) parce que ces espaces imaginés sont détruits et les paysages, dévastés. Obligée de vendre à la compagnie minière la maison familiale, Maude voit par la suite ce bâtiment, et ses souvenirs, détruits pour faire place à la mine en expansion. En elle s’intensifie la tension qui marque la communauté entière: la satisfaction que la mine reprenne ses activités vivifiantes pour la ville, et l’écœurement devant les dévastations personnelles, sociales et environnementales de l’industrie. Sans toit, Maude fait face à un lieu hostile où il est impossible de prédire ce que l’avenir lui réserve, outre une étroite relation avec la mine dont les lois régissent désormais le territoire. Cette vision d’un environnement en destruction la mène momentanément à Montréal, à l’autre extrémité de la route 117. C’est grâce à la distance que Maude parvient à critiquer le lieu de son enfance. Lorsqu’elle y retourne, elle constate immanquablement que le gris du béton de la métropole n’est pas si éloigné de ce qu’elle peut voir dans les environs de Val-d’Or:

Je regarde longtemps le désert gris. Il y a des signes de vie, au-delà de ce paysage impossible à imaginer, mais rien près du sol, rien ne réussit à pousser. Le gravier est stérile. J’ai beau me dire qu’on ne peut pas tout défaire, je ne vois que l’ombre de la forêt dévastée. On a arraché les racines, rendu impossible la résistance. […] Et on n’aura pas assez de dix vies pour voir ce trou devenir un lac. (Blanchette-Doucet: 154-155)

Le paysage désertique pousse la narratrice à problématiser l’ensemble des conséquences liées à la présence des minières près de sa ville natale, tout en montrant que celles-ci dépassent la temporalité humaine.

Dans la réalité, l’exploitation minière à ciel ouvert est l’un des types d’exploitation les plus destructifs pour l’environnement. Pour extraire le minerai convoité, il faut d’abord retirer les couches supérieures, appelées morts-terrains, à l’aide de machineries lourdes, ensuite viennent les explosions et les machineries surdimensionnées permettant de creuser d’immenses fosses en spirale (Environmental Law Alliance Worldwide: 4). L’exploitation souterraine, comme c’est le cas dans Les héritiers de la mine, est moins nocive pour les couches supérieures, mais elle entraîne des coûts et des risques supplémentaires: pour atteindre le minerai, des rampes et des puits d’accès, des galeries et des puits d’aération doivent être mis en place à la façon d’une fourmilière qui doit être inspectée et entretenue en continu (5). Quel que soit le type d’exploitation, et malgré les lois sur la restauration des sites miniers abandonnés, la liste des conséquences sur l’environnement est longue: drainage d’acide minier, lixiviation des contaminants en tas, érosion des sols, déchets miniers dans les eaux de surfaces et souterraines, création de bassins de décantation, dégradation de la qualité de l’air à cause des sources mobiles et fixes ainsi que des émissions fugitives, bruits et vibrations, perte ou morcellement d’habitats, modification de la qualité du sol et modifications d’ordre esthétique, pour n’en nommer que quelques-unes, sont des conséquences qui ont un impact direct et lourd sur l’environnement.

Pour faire le pont avec la littérature, on constate dès lors que

[l]e rapport de cause à effet de l’industrie minière sur l’environnement est ici flagrant; à la domination des bâtiments de la mine correspond un paysage composé de ruines et une végétation presque inexistante. Lorsqu’il est représenté, le paysage se fait l’un des emblèmes du chronotope de la mine industrielle, parce que sa désolation est l’inscription du passage des minières –donc de leur temporalité– à même le territoire. (Kirouac Massicotte: 35)

Le paysage désertique qui se voit par «le regard un peu triste des gens qui savent» (Blanchette-Doucet: 44-45) témoigne ainsi une posture environnementale dans les œuvres. En accordant à la nature le rôle d’agent et en mettant en lumière les lacunes et les échecs de l’exploitation minière, les récits de Saucier et Blanchette-Doucet révèlent la fin (prévisible) de l’exploitation de ces ressources naturelles non-renouvelables. La destruction de la maison de Maude dans 117 Nord ainsi que la fermeture de la mine suivie du décès tragique d’Angèle dans les Héritiers de la mine, mettent en évidence la trajectoire inéluctable liée au chronotope de la mine. La violence faite à la nature et aux femmes, est pratiquement inévitable dans le système économique actuel3Il importe également de noter que bien que les Autochtones ne soient pas mentionnés dans les œuvres dont il est question dans cette analyse, ils sont tout autant victimes de l’exploitation minière et du système économique actuel.. Dans son étude sur l’industrie minière au Québec, Simard fait remarquer que «[l]es minières sont maintenant plus sensibles à l’acceptabilité sociale, aussi bien chez les populations autochtones que non-autochtones […] Les réglementations environnementales sont aussi nombreuses aux différentes étapes du cycle de vie des sites miniers.» (211) Malgré ces changements, c’est parfois à se demander si on ne creuse pas en quelque sorte sa tombe lorsque de tels projets sont mis sur pied sans un plan d’action à long terme, incluant ce qui suit après la fermeture des minières.

 

Conclusion

Cette lecture des œuvres de Virginie Blanchette-Doucet et de Jocelyne Saucier problématise la destruction simultanée de la nature et des personnages féminins au sein du chronotope de la mine industrielle. Ce chronotope permet de faire ressortir des éléments inévitables de l’exploitation minière comme la division sexuée du travail, la catastrophe et la destruction de l’environnement pour un profit éphémère qui est éventuellement effacé des mémoires, enseveli par le poids des conséquences qui dépassent la temporalité de la mine. Alors que la mine cesse ses opérations, la nature reprend progressivement, d’une manière ou d’une autre, ses droits. Cette transformation est perceptible par la présence accrue des agents naturels ainsi que par la place occupée par les paysages désertiques et dévastés dans les textes. Ainsi, il est possible de constater que la temporalité de la mine dépasse celle des êtres humains. Il est, en effet, impossible de savoir ce qu’il adviendra des sites fermés, sous surveillance ou restaurés, lorsqu’il n’y aura plus d’encadrement humain. Les conséquences environnementales ont une durée qui est impossible à imaginer: les êtres humains ne verront jamais les bassins de décantation devenir des lacs. Le croisement des enjeux sociaux et des enjeux environnementaux mis en évidence par une lecture écoféministe de ces romans dans lesquels l’imaginaire minier est investi par les autrices fait ressortir l’importance de modifier les systèmes de domination capitaliste et patriarcal dans l’espoir de laisser en héritage un environnement qui ne serait pas aussi dévasté. Suivant Marie-Anne Casselot et Valérie Lefebvre-Faucher, l’écoféminisme politique, en contexte d’exploitation minière, permet de penser un monde meilleur: il «revendique […] des changements structurels alliant le féminisme, l’antiracisme et l’écologie sociale» (30) et pousse à «repenser radicalement comment “les modes de vie et la division sexuelle et internationale du travail influence le degré de proximité des femmes et des hommes avec la nature”.» (30) En somme, les œuvres de Blanchette-Doucet et de Saucier font un pont entre la fiction et la réalité en révélant certaines failles de l’exploitation minière. Une lecture écoféministe, entrecroisant les discours littéraires et environnementaux, entraîne dès lors dans son sillage des réflexions sur des modes de vie plus durables et respectueux, à la fois des humains et autre-qu’humains.

 

Bibliographie

Corpus étudié

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Corpus théorique

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ZIETHEN, Antje, 2013. «La littérature et l’espace». Arborescences. No3. p. 3-29.

  • 1
    Aux yeux des mineurs, la première raison de cette séparation réside dans la croyance que la présence des femmes dans la mine porte malheur: elle ferait disparaître le minerai (Desjardins et Monderie: 2011). D’autres raisons fréquemment mises de l’avant sont liées aux dangers de la mine: les hommes, êtres virils, seraient mieux disposés à affronter. Les croisements des raisons économiques et sociales, liées au système patriarcal capitaliste, mènent ainsi les femmes à se terrer dans la maison, laissant les hommes explorer leurs rêves.
  • 2
    D’ailleurs, l’idée d’une nature qui reprend ses droits renvoie à la notion d’agentivité, étant donné qu’un acteur ou un actant peut être «[t]oute chose qui vient modifier une situation donnée en y introduisant une différence devient un acteur.» (Quéré:3)
  • 3
    Il importe également de noter que bien que les Autochtones ne soient pas mentionnés dans les œuvres dont il est question dans cette analyse, ils sont tout autant victimes de l’exploitation minière et du système économique actuel.
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