Article d'une publication
La traversée de Charlevoix en ski
Le désir de la traversée n’exprime rien de moins qu’un besoin profond de modifier son parcours, d’intégrer une ligne brisée dans la carte de son quotidien, car le passage d’un lieu à un autre n’est ni direct ni rassurant. C’est avec un genou blessé que j’ai dû effectuer cette combientième traversée dans la neige pour atteindre cet espace que je ne pouvais nommer autrement que par le recours aux clichés, à ces clichés qu’on utilise pour justifier notre départ aux sédentaires qui ne saisissent pas cette quête d’équilibre en mouvement. J’ai donc expliqué à mes collègues que le ski faisait partie de mon travail de recherche et ils ont bien ri, comme on plaint les professeurs d’université qui voyagent souvent, les pauvres! Plus perspicaces, mes proches n’ont pas insisté devant mes justifications, devinant peut-être que ma recherche traversait les frontières de la recherche littéraire pour toucher à autre chose de plus fondamental qui aurait tôt ou tard des répercussions sur plusieurs plans, bref, on ne part pas sans raison.