Entrée de carnet
La place de la nature dans le remembrement de la folie
Dans le cadre de mon projet de mémoire en recherche/création littéraire, je souhaite explorer les effets de l’héritage des mythes et des figures qui entourent la folie sur mon écriture. Je mettrai en relation mon expérience de la maladie mentale avec des portraits de folles du passé afin d’expliciter ce qui constitue une écriture folle — en opposition avec une écriture sur la folie — et comment une écriture du corps et de la crise permet la résilience et la réparation. C’est dans une démarche de remembrement (Metka Zupancic) que je souhaite construire ma réflexion; les portraits prendront la place d’une voix de l’Autre qui deviendra un refuge, comme une galerie de l’héritage dans laquelle je pourrai déambuler.
Je suis particulièrement attachée à des figures liées à la nature comme Ophélie, l’hystérique noyée de Shakespeare qui continue de se voir représentée sous diverses formes artistiques. La nature prend une place importante dans mon projet de mémoire puisqu’elle est pour moi le symbole du refus des normes sociales qui régissent l’invention de la folie. En rapport avec ce que proposent les théories écoféministes, je souhaite rapprocher mon écriture de l’environnement et du monde naturel afin d’évoluer à l’extérieur des cadres sociaux opprimants qui régissent les discours sur la folie. Puisque je considère la galerie de portraits, qui se retrouveront dans le volet créatif de mon mémoire, comme un refuge, le lieu du ressourcement, il sera intéressant de représenter par le fait même la relation de ces folles avec la nature dans un processus de réparation et de reconstruction de la subjectivité. Je souhaite explorer la théorisation d’un refus d’une rationalisation discursive de la psyché dans l’écriture et ce désir peut se réaliser par un détournement de la société urbaine.