Entrée de carnet
Intervention impromptue à propos de la «fiction génétique»
En vous lisant, JFC, Anne-Sophie, Marie et Élaine, je suis frappé (pas fort, je veux dire, pas violemment) par deux choses, que je lance rapidement, sans trop réfléchir:
1-Le fait qu’il est toujours périlleux de créer prospectivement une typologie et une définition trop précise quand cela risque de remettre en question certaines oeuvres d’un corpus non-stabilisé qui pourraient être intéressantes à analyser. Après tout, il y a un livre en bout de ligne. Ce que je veux dire, c’est qu’il faudrait peut-être (même si c’est moins ambitieux, moins « scientifique ») c’est une définition descriptive de l’ensemble du corpus choisi dans le cadre des recherches afin de déceler les liens et les recoupements. Car d’un côté, on a beau dire que ce qui en parle « trop clairement » est moins intéressant, il reste que ce serait absurde de ne pas le considérer dans un possible « genre », et de l’autre, certains romans choisis par JFC seront probablement tellement « sur la fine ligne » (au sens d’étirer l’élastique d’une éventuelle définition de la « fiction génétique » afin de garder un roman qui en présente une des facettes sur un mode vraiment mineur ou symbolique ou quoi) que ça pourrait mener à des choix peu judicieux.
2-Le fait qu’avant de penser à une typologie en tant que telle, il faudrait peut-être s’entendre sur une réelle terminologie. C’est-à-dire que le syntagme « fiction génétique » est-il vraiment adéquat, dans l’optique où ce qui intéresse JFC va aussi loin que le XIXe siècle? Quand il écrit « il va de soi que je veux remonter en amont. Ce qui signifie, dans un premier temps, que je remonte jusqu’aux théories de la dégénérescence et à l’eugénisme. Mais ce qui signifie aussi que « génétique » s’inscrit dans une filiation sémantique qui regroupe hérédité-évolution-génétique », on comprend que l’anachronisme n’est pas loin.
Dans la mesure où une définition (par essence inclusive et exclusive) est en jeu, il faut surtout, me semble-t-il, se pencher sur la « filiation sémantique », en amont justement, du genre proposé. Or, cette trinité conceptuelle
-Hérédité (dégénéresence)
-Évolution (séléction naturelle)
-Gênétique (manipulations)
est non seulement historiquement pertinente, elle a aussi l’avantage d’inclure en elle-même l’idée de filiation, au sens où chaque « concept » émane de son prédécesseur. Si on la considère comme un point de départ pour réfléchir, elle permet également de relier sans problème des textes aussi éloignés que Les Rougons-Maquart de Zola et Galapagos de Vonnegut, ce qui n’est pas le cas d’une optique trop axée sur le gêne en tant que tel.