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Figures de l’imaginaire (éléments de définition)

Bertrand Gervais
couverture
Article paru dans Réflexions sur le contemporain, sous la responsabilité de Bertrand Gervais (2011)

Tout au long d’une série de travaux et de recherches, je me suis servi d’une définition à multiples entrées de la notion de figure. En voici les principales composantes.

Éléments de définition de la notion de figure.

D-1 La figure est un signe complexe, un objet de pensée ayant une configuration précise, composée d’un ensemble de traits et d’une manière d’être singulière (disposant de sa propre logique de mise en récit), impliqué dans des actes d’imagination et de représentation, faits pour soi ou pour autrui.

D-2 La figure est un foyer de l’attention. Mais ce point est un signe, c’est-à-dire qu’il renvoie à quelque chose d’autre, qu’il sert d’interface et de relais. En ce sens, la figure appelle et suscite des interprétations.

D-3 La figure demande à être désignée, elle donne lieu à un baptême. Sans désignation, le travail de figuration peut se continuer, mais il demeure incertain.

D-4 La figure n’existe pas en soi, elle n’est jamais que le résultat d’un travail, d’une relation, voire d’une projection.

D-5 La figure est toujours focalisée, toujours investie, toujours partie prenante d’une dynamique. Elle est de l’ordre d’une appropriation. Elle n’est jamais neutre.

D-6 La figure est une entité dynamique. Elle tire et attire. Elle est ce quelque chose dont on se fait une idée, mais qui sert aussi à comprendre. Elle est objet de représentation et, en cela, objet d’expériences qui la transforment en la saisissant.

D-7 La figure s’anime et évolue, parce qu’elle nous émeut, parce qu’elle ne nous laisse pas indifférent. La figure qui ne se transforme plus devient statique et se momifie. Ses traits se figent. On peut en faire un historique, montrer comment ceux-ci sont été définis. Mais, cette figure n’est plus que l’ombre d’elle-même.

D-8 La figure se déploie selon un double mouvement de dessaisissement et de ressaisissement.
8.1. Le dessaisissement prend la forme d’un musement, qui consiste à se perdre dans la contemplation de ses figures.
8.2 Le ressaisissement prend la forme d’un chant (voire d’un enchantement), d’une énonciation qui mime et qui témoigne de l’expérience du dessaisissement.

D-9 La figure est un objet auratique. Cette « aura » témoigne de sa singularité. Or, de cette singularité dépend l’enchantement et, ultimement, l’impression de sacré qui s’y attache.

D-10 La figure peut apparaître au sujet soit sur le mode de la révélation (comme une vérité toujours-déjà-là), soit sur le mode d’une métaphore fondatrice (dans un processus inférentiel). La figure révélée apparaît déjà complète; sinon, elle se construit petit à petit.

D-11 Un espace figural se déploie quand une figure s’anime, se transforme et suscite une activité interprétative, sous forme d’actes d’imagination et de représentation.

D-12 L’imaginaire est un espace figural dument constitué qui sert d’interface entre le sujet et le monde. Cette interface, marquée par des formes et des figures, est dotée d’un ensemble de règles d’interprétation, de compréhension ou de mise en récit et en image, fondées sur une encyclopédie et un lexique qui lui servent d’interprétants, ainsi que sur une expérience du monde qui leur fournit des éléments complémentaires et collatéraux.

REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES

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