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Choper le virus
Dans l’introduction de The Literary Animal, qu’il codirige avec David Sloan Wilson, Jonathan Gottschall décrit sa «découverte» de la théorie de l’évolution et sa pertinence en études littéraires. Le spécialiste des récits homériques offre candidement une métaphore: «J’ai chopé le “virus évolutionniste”en 1996, durant ma deuxième année d’études supérieures dans le département de littérature de l’Université de Binghamton». Il ne s’agit bien sûr que d’une façon de parler. Tous les jours, dans n’importe quel domaine d’études, des gens sont «affligés», par métaphore, d’un virus quelconque qui prend ensuite la forme d’une véritable obsession, provoquant parfois même chez certains des symptômes comme l’anxiété fiévreuse ou l’insomnie. Il reste que, dans le cas de Gottschall et de bon nombre de ses collègues darwinistes littéraires, les métaphores du virus, de la révélation christique ou d’une force étrange qui s’empare de soi semblent particulièrement populaires. Usant plutôt de l’analogie du changement de paradigme, le critique D. T. Max évoque dans le New York Times l’aspect quasi sectaire du mouvement et décrit les cheminements de ses principaux acteurs comme autant de «conversions» ou de coming-out.