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Artefact: Machines à écrire 1.0

Daniel Grenier
couverture
Article paru dans Romans québécois et canadiens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée : Dantec, Maurice G. 2007. Artefact: Machines à écrire 1.0. Paris : Albin Michel, 565 pages

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project, au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Composé à la manière d’un triptyque thématique, Artefact n’est ni vraiment un roman, ni vraiment un essai. Sous la plume de Maurice G. Dantec, toute fiction devient le reflet de la réalité et vice-versa. Il n’écrit pas de simples romans, mais des manifestes qui « servent » à illuminer la violence et l’absurdité humaine. Le premier récit raconte la fuite d’un extraterrestre surdéveloppé et d’une jeune humaine loin des tours en feu du World Trade Center le 11 septembre, leur périple à travers une Amérique sur le bord du désastre, vers un point de rendez-vous qui les ramènera dans le Vaisseau-Mère. Vient ensuite une fiction sur le principe même de l’écriture, qui met en scène un amnésique amené à re-créer son existence en se fusionnant à une machine à écrire. Le troisième volet du triptyque est raconté par le Diable lui-même, occupé à punir les hommes et leurs sociétés putrides. Chaque vignette est indépendante du point de vue narratif, mais on sent un fort lien symbolique entre elles. Dantec prend d’assaut les péchés de l’humanité et tient à enfoncer le clou de la connaissance. Ou plutôt, pour parler comme lui, de «l’in-connaissance supra-cognitive».

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman. Trois récits, qui ne sont pas des nouvelles, interrelliés par une stylistique et une thématique commune.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration intradiégétique, un « je » qui est différent dans chaque récit. La particularité de ces « je », c’est qu’ils sont tous omniscients, au sens où ils connaissent plus de choses que les « humains » ordinaires, ils sont à l’avant-garde et nous révèlent les secrets du mal et de notre perversité. Le premier (l’extraterrestre) est finalement un malade mental qui, après le 11 septembre, a fait une rechute. Le second se décline jusqu’à un certain point comme « l’Auteur » en tant que figure, celui qui écrit et « forme le monde ». Le troisième est le maître d’œuvre de Satan.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée. Dans l’univers de Dantec, les attentats sont le début de la fin du monde. Le premier récit met en scène la tout Nord elle-même, celle qui s’est effondrée en second. Les vols 11 d’American Airlines et 175 d’United Airlines sont également représentés.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

i) Le protagoniste, qui grâce à sa qualité d’alien connaît d’avance ce qui va arriver, sauve une petite fille du 91e étage et descend jusque dans la rue, avant l’implosion finale. Beaucoup de détails sur les cadavres sont dispensés, sur la fumée, l’atmosphère irrespirable, le métal en fusion, etc. Le lecteur est invité à « entrer » littéralement dans le WTC transformé en « tours-avions-incendies ». Le point de vue est contemporain dans le premier récit et rétrospectif dans le troisième, qui rend la présence du 11 septembre générique. Dans ce troisième volet, le monde est en implosion continuelle à cause des forces déchaînées par le XXIe siècle, intronisé par le 11 septembre 2001.

ii) Moyens de transport représentés: Les avions sont représentés, à la fois explicitement et symboliquement. Ils deviennent l’avatar du mal en action. Ils sont en fusion avec les tours, dans un amalgame prévu d’avance par la conscience supérieure du narrateur.

iii) Moyens de communication représentés: Dans le premier récit, les images diffusées par CNN jouent un rôle. Elles sont regardées par les personnages et elles sont aussi la forme que prendront les rêves prémonitoires sur l’Irak du narrateur.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Le narrateur du premier récit, celui qui met particulièrement en scène le 11 septembre, est un extraterrestre qui décide consciemment de se trouver au 90e étage de la tour Nord lors des attentats à New York. Il accomplit ainsi sa destinée, qui est de mourir pour renaître une dernière fois. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il est un être supra-intelligent, il appartient à une civilisation qui observe les humains depuis des millénaires. Son regard sur le 11 septembre est celui d’un être qui « comprend » en avance toutes les implications symboliques et les conséquences terrifiantes d’un tel événement. Pour lui, le 11 septembre est le début de la fin de l’humanité. C’est un point de vue collectif qui est utilisé, puisque le narrateur se fait l’écho des hommes et de leur folie.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de sons significatifs.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Aucun travail iconique.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Deux tours américaines fracassées par le ciel. Une mystérieuse valise violette dans les mains d’un homme libre. Un tueur impitoyable prétendant être le frère du Diable diffuse en direct ses propres crimes sous les yeux du monde entier… Trois fictions encore plus vraies que la vérité, trois fictions qui n’en font qu’une seule, où vous descendrez vous-même les escaliers de la Tour Nord du World Trade Center dans les hurlements des aciers vaporisés. Une Trinité où vous ouvrirez vous-même la valise violette à la recherche de votre futur. Une dualité où vous laisserez vous-même le Diable pénétrer douloureusement votre corps. Vous n’avez pas fini d’en apprendre sur vous-même.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

RC: Oui, mais en même temps, les Irakiens qui sont les principaux concernés ne sont pas forcément d’accord avec vous …MGD: Ils ont quand même élu un président, ils ont quand même eu des élections, ils ont pu passer à l’action comme en Afghanistan. En Afghanistan, c’était barré d’office par les talibans ! Vous préférez des régimes où l’on abat des femmes à coup de Kalashnikov d’une balle dans la tête parce qu’on a vu son petit doigt dépasser ?RC: Non, mais est-ce que c’est la mission des Américains de s’imposer comme des vengeurs ?MGD: Mais qui d’autres, déjà ce ne sont pas des vengeurs. Ils s’en sont pris quand même un petit peu le 11 septembre 2001, il ne faut pas oublier qu’il y a eu 3000 morts, ça s’appelle un crime de guerre, selon moi.RC: Ça s’appelle un crime de guerre, mais les Américains en ont commis aussi …MGD: Ah ça je ne le nie pas, mais en attendant là il y a eu crime de guerre contre la nation américaine, et je pense que c’était un crime de guerre contre l’Occident tout entier. C’est pas pour rien si les Américains … Ils sont l’empire parce qu’ils ont les moyens de l’appliquer. Ça a toujours été ça la politique, il faut relire Machiavel, voire même Karl Marx à la limite.*RC: Mais en même temps si on relit Machiavel, on pourrait dire que les Américains ont utilisé les événement du 11 septembre pour non pas chercher un saoudien, rentrer en Afghanistan, rentrer en Irak ,MGD: Quand même Al Quaïda avait des liens relativement établis avec le régime afghan, et probablement avec certains services du régime de Saddam Hussein. Je veux dire, que le fait que Saddam Hussein ait replacé des versets du Coran sur son drapeau soi-disant Laïc à partir de l’an 2000, il y avait tout un tas de signes qui indiquaient qu’il y avait des basculements géopolitiques qui étaient en cours… Des fois il vaut mieux prévenir que guérir.RC: Donc vous êtes pour la guerre, vous vous considérez comme un guerrier chrétien sioniste? MGD: Non je ne suis pas pour la guerre : la guerre a commencé ! Donc si vous voulez ou on se tient en dehors du théâtre des opérations, ou on décide d’en faire partie. Alors moi j’ai rien contre les gens qui décident de se retirer, mais qu’ils ne viennent pas nous donner des leçons. http://www.legraindesable.com/html/Dantec-Emeutes.htm

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Merci à ma famille. Merci à David Kersan. Merci aux enfants de Babylone.

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

https://web.archive.org/web/20070903183453/http://www.cafardcosmique.com/Artefact-Machines-a-ecrire-1-de [Page consultée le 11 août 2023]

https://web.archive.org/web/20071025045110/http://stalker.hautetfort.com/archive/2007/10/18/artefact-de-maurice-g-dantec-quand-le-meilleur-s-allie-au-pi.html [Page consultée le 11 août 2023]

http://www.lire.fr/critique.asp/idC=51554&idTC=3&idR=218&idG=3 [Cette page n’est plus accessible]

Impact de l’œuvre

Impact inconnu à ce jour. Dantec est une personnalité médiatique qui sait provoquer et polariser les opinions. Avec lui, le débat glisse rapidement en dehors de l’œuvre elle-même.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Le livre de Dantec est une fictionnalisation et une mythification en soi. Grâce à un champ lexical qui fait appel autant à l’ancien testament qu’aux théories quantiques, en passant par l’œuvre de Baudrillard, l’auteur inscrit le 11 septembre dans un processus symbolique qui n’a pas grand-chose à voir avec les événements eux-mêmes. Comme les tenants d’un post-structuralisme abscons et ampoulé, il considère que les attentats « veulent dire » quelque chose, qu’ils sont une sorte de simulacre révélant la nature profonde, ou l’image renversée d’une humanité en perdition.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

« La catastrophe était bonne. En cela, elle était bonne. Ce que j’allais faire ne serait sans doute qu’une condensation singulière de ce que les hommes allaient accomplir au cours du siècle qui venait de commencer avec cet avion, et cette tour.Ce serait imprévu, à peine visible. Ce serait l’inversion terme à terme de ce que les kamikazes islamistes avaient réalisé. Ce serait un secret.Oui, la catastrophe était bonne. » (p. 22)« Waow, tous ces petits rigolos qui se moquaient sur le mode répétitif du perroquet de compagnie des attentats du 11 septembre 2001, vont crever très extactement de la même façon que les Américains dans le World Trade center, mais leurs noms seront oubliés dans moins de six mois, et ils seront morts carbonisés dans des immeubles de dix étages dont tout le monde se fout. » (p. 321)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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