Conférence, 8 février 2011

Prophétie et sacrifice (à partir de Rosie Carpe de Marie NDiaye)

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Dans le cadre des Midi conférences du centre Figura, Cristophe Meurée a prononcé le 8 février 2011 une conférence intitulée «Prophétie et sacrifice (à partir de Rosie Carpe de Marie NDiaye)».

Rosie Carpe de Marie NDiaye (2001) est truffé de références bibliques détournées et tronquées. Comme si l’écrivain réglait un vieux compte avec les valeurs chrétiennes. À la fin de la troisième partie du roman, Titi, le fils de Rosie, s’apprête à être sacrifié, tel un agneau, sur l’autel d’un bonheur tant désiré par sa mère. Cependant, Lagrand, l’homme amoureux de Rosie, averti prophétiquement du destin funeste de l’enfant, s’oppose à cette fin. Au premier sacrifice vient alors s’en greffer un second, antérieur, orchestré par Lazare, le frère de Rosie, et par son ami Abel. La neutralisation du sacrifice de Titi par Lagrand vient alors racheter en quelque sorte le précédent. La prophétie ne s’actualise pas parce que le prophète en dénonce l’inutilité et cette «inactualisation» donne alors lieu à un épilogue étrange, nimbé d’une aura d’irréalité, qui ne prend sens qu’à comprendre la relation qu’entretiennent sacrifice et prophétie dans l’imaginaire ndiayïen. Marie NDiaye détourne les figures de la prophétie et du sacrifice au profit d’une impossible réparation, qui détermine toute la structure temporelle du roman.

Dans cette optique, il devient possible de réinterpréter ces figures à l’aune d’une subjectivité apocalyptique, dont la révélation est intégralement négative, malgré le semblant de happy end. Le roman se livre en effet comme l’exploration d’un messianisme négatif, au sein duquel la rédemption prend des allures de rêve lointain, vaguement cauchemardesque.

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