Journée d'étude, 20 mai 2022
Tisser une mémoire interdisciplinaire: Les cas des vulgarisatrices scientifiques
L’engouement pour les sciences naturelles, à la suite des travaux du frère Marie Victorin (1885-1944), a été un contexte propice à l’émergence de vulgarisatrices, entre le champ scientifique et le champ culturel. Nous pouvons nommer Marcelle Gauvreau, plus célèbre, mais d’autres, comme Marcelle Lepage-Thibaudeau et Germaine Bernier n’ont laissé que peu de traces. Ces dernières œuvraient en littérature jeunesse, en illustration et dans les journaux. Dans leurs productions, une réflexion se tisse autour de l’attention au monde, de la sensibilité et de l’émerveillement. De tels propos sont dévalorisés dans le champ scientifique, d’autant plus qu’elles s’adressent une partie du temps à un lectorat enfant. À la même période, Rachel Carson commençait à publier des ouvrages de vulgarisation, dont celui qui demeure son plus célèbre, Silent Spring, en 1962. À sa parution, ses détracteurs remettent en doute sa rigueur, la qualifient de sentimentale et l’accusent d’hystérie (D’Erm, 2017).
Ces textes de vulgarisation, qui ne sont ni adressés à un public scientifique universitaire ni qualifiés de «littéraires», se retrouvent ainsi dans une zone intermédiaire. Lorsque nous ajoutons à cette problématique la question du genre et de l’époque, elle se complique. Dans cette communication, Pénélope Ouellet s’intéresse aux enjeux concernant les vulgarisatrices scientifiques et le statut littéraire de leurs œuvres. Elle explore, à partir de cas entre 1945 et 1965, le potentiel d’analyse de ces productions et se demande s’il est possible de restaurer une mémoire par le littéraire pour celles qui, œuvrant entre les disciplines, se sont retrouvées dans un angle mort.