Colloque, 13 avril 2018

Repenser la communauté: la relation interespèces dans trois pièces chorales contemporaines

Philippe Manevy
couverture
L’animal et l’humain. Représenter et interroger les rapports interespèces, événement organisé par Jérôme-Olivier Allard, Fanie Demeule, Marion Gingras-Gagné et Marie-Christine Lambert-Perreault

Les spectateurs du théâtre grec antique étaient fréquemment confrontés à des chœurs constitués de figures animales ou hybrides dans les comédies (Les Guêpes, Les Oiseaux ou Les Grenouilles d’Aristophane) comme dans les drames satyriques. Dans les créations contemporaines, de telles confrontations sont plus rares: le chœur apparaît le plus souvent comme l’image d’une communauté humaine et, malgré les nombreux bouleversements esthétiques du «théâtre postdramatique» (H. T. Lehmann), la représentation demeure largement anthropocentrée.

Il existe pourtant des exceptions notables et des tentatives pour explorer théâtralement la relation entre les espèces. C’est le cas dans trois pièces récentes, crées au Québec et en France: e de Daniel Danis (2005), Agricoles de Catherine Zambon (2014) et Habiter les terres de Marcelle Dubois (2016). Les trois pièces ne font pas apparaître un chœur stable et unifié, constitué soit d’animaux, soit d’humains, mais elles tirent parti, selon très modalités très diverses (fiction teintée de réalisme magique chez Danis et Dubois, théâtre documentaire chez Zambon), d’une construction chorale souple pour mettre en scène les relations entre les êtres humains et les espèces animales qui peuplent le même milieu, voire pour contester la distinction entre les espèces.

Comment les espèces animales s’intègrent-elles dans la distribution des trois œuvres et dans leur fable? Comment sont-elles représentées sur le plateau? À travers une analyse dramaturgique de ces pièces et de leurs mises en scène, j’aimerais confronter les choix des trois artistes aux évolutions récentes de l’éthique environnementale, mises en évidence notamment par Émilie Hache dans Écologie politique (Cosmos, Communautés, milieux), à travers les critiques de la «l’écologie profonde» et de sa définition de la nature comme un objet extérieur à l’homme. Je me demanderai comment le théâtre contemporain aide à penser des communautés qui associent humains et non-humains. [Texte de Philippe Manevy]

Type de contenu:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.