Colloque, 29 septembre 2018

Maureen, ses écrans, ses spectres

Anaïs Guilet
couverture
Cybercorporéités: subjectivités nomades en contexte numérique, événement organisé par Isabelle Choinière, Anne-Laure Fortin-Tournès, Anaïs Guilet et Joanne Lalonde

Personal Shopper d’Olivier Assayas est un thriller écranique, un film qui porte sur les écrans reliés (Archibald, 2009). Toute l’intrigue repose sur des conversations par écrans interposés: depuis les étranges messages textes reçus par l’héroïne, jusqu’aux conversations Skype qu’elle entretient avec son petit-ami. Maureen est médium et attend que son frère jumeau décédé entre une dernière fois en communication avec elle. Si quelques événements surnaturels interviennent, l’enjeu communicationnel au coeur du film est moins spectral que technologique. Le tour de force d’Assayas est de filmer une Maureen quasiment toujours seule et dont la majorité des communications avec autrui sont interfacées (tél. portable, etc.). Par conséquent, à ce titre, qu’à l’autre bout du réseau soit un interlocuteur de chair fictionnelle ou un esprit vengeur, n’a que peu d’importance: le corps s’y voit toujours absenté. Les écrans reliés chez Assayas font littéralement écran, ils obstruent la communication et symbolisent ainsi un processus de deuil: celui du corps de l’autre. Autre, ici manifesté par l’absence d’un jumeau, désincarnation de tous nos avatars communicationnels.

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