Colloque, 18 novembre 2021
L’ombre de Frankenstein: Science et magie dans «The Prestige» de Christopher Nolan (2006)
La communication de Gaïd Girard relève plutôt de l’histoire culturelle dans la mesure ou le film de Nolan n’est pas une adaptation explicite de Frankenstein, mais celle d’un roman de Christopher Priest aussi intitulé The Prestige. À travers l’histoire de la rivalité entre deux grands prestidigitateurs dans le Londres victorien de la fin XIXe, elle met en scène les rapports complexes entre science et spectacle, que les adeptes du mesmérisme exploitaient déjà depuis la fin du XVIIIe siècle. Plus précisément, la mise en scène dans l’intrigue du film du personnage réel de Tesla, dont la machine à arcs électriques fait penser aux adaptations filmiques de Frankenstein (on pourrait parler ici de citation iconique) rappelle également que Mary Shelley s’intéressait de près aux expériences de Galvani et au vitalisme. Le numéro de télétransportation qui est le clou du spectacle de chacun des magiciens n’est pas sans rapport avec les ambitions d’un Elon Musk adepte du transhumanisme qui a adopté le nom de Tesla comme emblème. Dans tous les cas, la question du regard et de l’imagination spectatoriels au sens large est au coeur d’une interrogation essentielle sur le désir humain de se dépasser.