Colloque, 29 octobre 2010
L’idiot devant la Science: sur le schéma de la quête et ses adjuvants
Comment les textes de fiction parviennent-ils à se construire sur le modèle marqué de la quête d’une connaissance à partir d’un héros idiot? À partir de la nouvelle de science-fiction de Clifford Simak éponyme de Idiot’s Crusade (1954), qui propose un schéma archétypal (relation idiot/mentor dans le cadre d’une initiation impossible; remise en cause des normes communautaires; valorisation des décalages cognitifs figurés), j’étudie deux romans de l’extrème contemporain français: Le village des idiots (2004) de Vincent Eggericx et L’idiot de la Sorbonne (2007) de Frédéric Pagès. Les deux romans se construisent autour de la figure d’une communauté dont se détache une figure d’idiot héroïque, avec des développements satiriques. Dans les deux cas toutefois, l’idiotie du personnage, nullement raté ni moyen, s’avère être un atout dans la quête de savoir que constitue l’intrigue. Une telle construction jette des regards ironiques sur le statut du Savoir et sur la communauté qui l’institue. Comment la quête de connaissance passe-t-elle par le maintien du manque et la promotion du savoir parallèle de l’idiot dans l’intrigue des deux romans? Quelle est, pour reprendre l’expression de Nicolas de Cues, «la sagesse selon l’idiot»?
Pascal Michelucci est directeur du département de littérature française de l’Université de Toronto et est membre fondateur du Groupe de recherche et d’étude sur la littérature française d’aujourd’hui (GRELFA).
Bibliographie