Journée d'étude, 24 novembre 2017
Les doubles d’Arnold Schwarzenegger: différences et répétitions chez la star hollywoodienne
«Dans son essai “Innovation et répétition”, en répertoriant diverses formes de séries culturelles, Umberto Eco mentionne au passage l’acteur de cinéma: “la simple présence de John Wayne ou de Jerry Lewis (quand ils ne sont pas dirigés par un grand metteur en scène, et souvent même alors) parvient à produire, chaque fois, le même film.” Dans le cadre de ce colloque, j’aimerais travailler cette idée à partir de l’exemple d’Arnold Schwarzenegger, à savoir, utiliser des outils théoriques normalement réservés à l’analyse de la sérialité dans des œuvres audiovisuelles pour aborder le passage d’une star de film en film: par exemple, au même titre que le genre, la star permet à l’industrie hollywoodienne de standardiser une œuvre, de promettre le même, ou d’offrir un horizon d’attentes pour les spectateurs, et la filmographie d’une star pourrait être comparée à une sorte d’univers transfictionnel.
Ma vision de la star s’inspire des écrits de Stanley Cavell: dans The World Viewed, ce philosophe présente la star comme une “individualité”, une présence filmique dont la singularité ne peut pas s’épuiser malgré son apparition récurrente dans des rôles apparemment similaires: comment la star tire-t-elle profit de ce système d’innovation et de répétition, d’innovation dans la répétition? Est-ce que la star joue toujours dans le «même» film, comme l’écrit Eco, joue-t-elle le “même” rôle dans tous ses films? Comment parvient-elle à être la même (reconnaissable) mais différente? Or, Arnold Schwarzenegger nous permet de poser ces questions : dans Total Recall par exemple, il tente de se définir par rapport à une identité passée, alors que dans The 6th Day, il veut se différencier de son propre clone, et l’évolution de son personnage dans la série des Terminator, son passage d’un robot meurtrier à une figure paternelle protectrice, nous ramène de même à cette réflexion.»