Journée d'étude, 22 novembre 2017
Les bruyants objets de «La Comédie humaine»
«Quelle formidable sonothèque du 19e siècle que la Comédie humaine d’Honoré de Balzac. S’il faut la lire, il faut également l’entendre. Pour qui veut bien y tendre l’oreille, le roman balzacien fait jouer une trame sonore à plusieurs pistes.
Piste 1: Les objets, les choses, les outils, les ustensiles, les vêtements de la vie, du plaisir et du travail.
Piste 2: Les armes, les épées, les canons, les éperons et dans la suite desquels je mettrais l’argent, les écus et le bruit de lord.
Piste 3: Horloge, clocher, sonnette, cadran: toutes les déclinaisons de la cloche qui vont du grand campanile qui résonne au petit grelot qui tinte en passant par la bruyante sonnette pendue sous les portes cochères.
Piste 4: Les bruits des moyens de transport: les carrosses, les omnibus, les berlines où l’on entend chez Balzac et celui des chevaux et aussi, dans la foulée, chiens, poules, corbeaux et rossignols. Un bruyant bestiaire qui meule, qui aboie, qui hennit aux quatre coins de la Comédie humaine.
Piste 5: Appelons la topophonie. Maison, plancher, salle, voute, arcade, porte, fenêtre et escalier, soit toutes les vibrations du construit habitable que Balzac ne cesse de détailler, de relever, de noter, de narrer.
Piste 6: Les bruits de la nature, les sifflements, les grondements, les orages, le tonnerre.
Piste 7: Les mains et les pieds.
Piste 8: Les contrepoints sciemment creusée dans cette trame bruyante pour mieux en faire gouter les saillies, à savoir les silences.
Piste 9: Les bruits pulmoniques, c’est-à-dire tous les sons du corps humain : gémissement, battement, geignement, craquement, ronflement, baiser, soupir et autres râlements.
Piste 10: La dernière, la plus importante, celle qui était consacrée sans doute au son préféré de Balzac, celui de la voix humaine.»