Colloque, 23 avril 2010
Le Séminaire «La Bête et le souverain» de Jacques Derrida, par quatre chemins
Affrontant le «risque d’exposition indiscrète d’un corps d’écriture au travail», l’entreprise éditoriale tout juste amorcée des quarante années d’enseignement de Derrida découvre la particularité du legs derridéen, et doit composer avec la part spectrale de son œuvre. Dans le prolongement des réflexions du philosophe sur le «posthume» et sur l’archive (dans son lien problématique à l’événement), il s’agit bien de réfléchir aux modalités de pérennisation d’une parole vivante, ou plutôt d’un texte écrit en vue de sa lecture «à haute voix». Parce que, dans le cours du séminaire, Derrida expose les incertitudes, «impasses ou points d’obscurité qui résistent à son avancée», il faut reconnaître l’importance de la question du methodos du séminaire, lequel est traversé par une inquiétude constante quant au frayage – quant à «ce qui nous tient en mouvement ou en haleine» dit Derrida. «Ce qui m’importe le plus», avait d’ailleurs confié le penseur, «c’est la mise en scène, la mise en espace» du discours. Dès lors, parce que l’édition est «forme première, sinon primitive de lecture», «ce qui s’appelle “lire Jacques Derrida” […] peut être, in fine, la seule question qui motive tout ce projet» (G. Michaud).
Ginette Michaud est professeure titulaire au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal où elle enseigne depuis 1987.