Table ronde, 13 avril 2011
Le livre d’artiste à l’ère de la reproductibilité numérique
«J’aimerais un jour voir des livres d’artistes bien en vue les rayons des supermarchés, des drugstores et des boutiques d’aéroports». Ce vœux, exprimé en 1967 par Lucy Lepard et rapporté par Daniel Blouin, ne pourrait être rendu possible, selon Blouin, que par l’utilisation d’un média de masse dépourvu de l’aura d’œuvre d’art et servant à faire circuler les idées, les concepts ainsi que les interventions d’artistes remettant en question le marché de l’art ainsi que son produit.
Le doux rêve de Lepard apparait toutefois antinomique avec la manière dont la pratique du livre d’artiste s’est développée au dernier siècle. Soit dans une tradition de reproduction artisanale dont la rareté l’investit de cette aura décrite par Walter Benjamin dans son célèbre texte de 1936 et qui, paradoxalement, devra être délaissée afin de transformer le livre d’artiste en production de masse, disponible en librairie et accessible au grand public.
Gabriel Tremblay-Gaudette a complété un doctorat en sémiologie à l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent sur la sémiotique de l’iconotextualité dans la littérature nord-américaine contemporaine. Il a complété un mémoire de maîtrise en études littéraires portant sur le tressage comme processus interprétatif dans lequel il a pris comme objet d’étude principal Watchmen, d’Alan Moore et Dave Gibbons.