Colloque, 12 mai 2016
Écrire le terrain vague: des expériences géographiques et littéraires dans Paris et sa banlieue
Depuis la fin du XXème siècle, les projets d’aménagements urbains de Paris et sa banlieue occupent l’espace politique et médiatique français. Les déséquilibres économiques, culturels et démographiques entre Paris et sa banlieue sont au cœur des débats les plus virulents. Dans cette même période, un nombre important d’écrivains, souvent parisiens eux-mêmes, forment le projet d’investir les espaces vierges de récits que la banlieue leur offre. Principalement des hommes, venus d’horizons divers et de générations différentes, ces écrivains ont comme point commun de choisir d’arpenter à pied l’espace qu’ils veulent écrire. Ils livrent le récit de leurs marches en l’associant parfois à des photographies, des croquis ou des cartes.
À l’opposé de l’expérience du flâneur Benjaminien, ces expériences physiques aux allures de performances, confrontent le marcheur à un espace hostile à la promenade. Elles lui permettent toutefois un accès privilégié aux lieux marginaux que cette nouvelle géographie littéraire se voue à dessiner.
Notre présentation montrera que la poétique de ces textes procède d’une attention toute particulière vouée à ce qui relève de la friche. L’usage des lieux, leur mise en récit, participent ainsi à l’élaboration d’un imaginaire qui met en valeur les espaces de séparation, d’exclusion, les frontières présentent au sein du tissu urbain tout autant qu’ils confèrent à ces lieux a priori marginalisés une valeur créatrice.
Alexandra Borer enseigne le français à la Columbia University de New York.