Colloque, 22 septembre 2016
Débordements biotechnologiques et exaltation artistique: vers une éthique des usages animaux dans le bioart
«L’animal fascine tant par sa proximité avec l’humain que pour ses dissemblances. Il est la figure d’altérité par excellence. Cet autre que nous regardons sans tout à fait le comprendre.
Depuis les années 1930, où Philippe Johnson et Salvador Dali utilisaient les premiers des animaux vivants comme matériaux de création en les intégrant à leurs oeuvres, l’art contemporain a vu s’accroître la présence d’animaux vivants dans les performances et les installations. Parmi les exemples les plus marquants, Hermann Nistch a orchestré le massacre d’animaux pour les actions de son Théâtre des orgies et des mystères, Joseph Beuys a partagé l’espace d’une galerie avec un coyote, Wim Delvoye a tatoué des cochons du monogramme Louis Vuitton et de personnages de Walt Disney, Marco Evaristti a remplacé le bocal de poissons rouges par des mélangeurs et a proposé au public de les activer.
Si ces projets sont tous très différents quant à l’esthétique qu’ils mettent de l’avant et aux visées de l’artiste, ils explorent pourtant tous une forme spécifique de transgression. Ils bousculent les attentes du spectateur et l’invitent à une réflexion critique quant à l’ontologie de l’art et l’éthique des usages du vivant.
Ces questions sont au coeur des trois projets que je vous présente aujourd’hui. Des projets qui utilisent eux aussi l’animal vivant, mais qui font également intervenir des savoirs liés à la biologie contemporaine et aux biotechnologies. Avec GFP Bunny d’Eduardo Kac, Que le cheval vive en moi d’Art orienté objet et Canine Topology de Maja Smerkar, je vous propose d’examiner la figure de l’artiste scientifique exalté et d’interroger ainsi les possibles débordements résultant de son projet créateur ou de son désir d’explorer les limites entre l’homme et l’animal.»