Colloque, 28 octobre 2010

L’idiot en souverain. Figure de l’oubli et du politique dans «Oublier Elena» d’Edmund White

Bertrand Gervais
couverture
Idiots, figures et personnages liminaires, événement organisé par Véronique Cnockaert, Bertrand Gervais et Marie Scarpa

«Le roi est mort, vive le roi!» Soit. L’adage ne surprend plus personne. Mais qui est le roi? Que sait-il? Comprend-t-il dans quelle situation il se trouve plongé et quelle tâche l’attend? Et s’il fallait que le roi soit un idiot, un être dépourvu de connaissance et de raison, un de ces êtres dont on peut dire qu’il est avant tout constitué d’un manque, d’une absence.

Qu’adviendrait-il du pouvoir? Serions-nous en pleine idiosphère (selon Luc Bureau)? Cette grande sphère d’irrationalité qui s’enroule partout et autour de nous, comme si l’idiocie était notre plus petit commun dénominateur. D’aucuns déclarent que le roi est essentiellement une figure: le pouvoir n’est rien en soi et la somme des droits et des pouvoirs dont on l’investit. Le représentant du pouvoir est une surface de réflexion. Son autorité lui vient moins de sa maitrise du jeu politique que sa capacité à retourner le regard, à assurer ses sujets de sa présence et de la stabilité des rôles. L’idiot en souverain nous dit par l’absurde que le pouvoir se content de coquilles vides parce que l’enjeu premier y est la subordination et le maintien des différences et qu’à ce jeu, le mystère vaut tout autant que la maîtrise. Mystère d’une figure intrigante plutôt que maîtrise des lois et des pratiques.

C’est bien la réflexion que nous propose Oublier Elena d’Edmund White.

Bertrand Gervais est le directeur du Laboratoire NT2 et du Centre Figura. Il est également professeur titulaire et enseigne au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.

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