Colloque, 9 septembre 2016

Grammaire de l’actualité: Musset lecteur d’Yves Citton?

Jordan Diaz-Brosseau
couverture
L’œuvre dans l’actualité de sa lecture, événement organisé par Benoit Jodoin, Valérie Savard et Johanne Villeneuve

«Selon nous, si les textes de Musset semblent plus ou moins vagues dans leurs descriptions ou si l’auteur interagit beaucoup avec son lecteur au niveau des méthodes textuelles, c’est que Musset avait à coeur un idéal autorial axé sur la solidarité, orienté sur la co-notation (pour reprendre Citton) et la synesthésie, c’est-à-dire cette expérience multiple des sens, plutôt que vers la dénotation.

C’est que Musset, finalement, n’opère pas un acte direct de communication (même si le texte le fait), mais, comme nous le rappelle Steve Murphy, Musset n’écrit pas pour être lu, mais être re-lu. Celui-ci veut donc s’inscrire dans la durée, en modulant les époques et la beauté, les mots et les lecteurs. La tirade d’André del Sarto, dans la pièce de théâtre qui porte le même nom, le dit clairement: “que chaque siècle voit de nouvelles moeurs, de nouveaux costumes, de nouvelles pensées, mais que le génie demeure invariable comme la beauté”. Que de “jeunes mains pleines de force et de vie reçoivent avec respect le flambeau sacré des mains tremblantes des vieillards”. Qu’ils “la protègent contre le souffle des vents, cette flamme divine qui traversa les siècles futurs comme elle l’a fait les siècles passés”.

C’est pourquoi il y a encore un relent de romantisme chez des penseurs comme Yves Citton. Et c’est tant mieux, puisque c’est cet acte d’actualisation qui nous permet d’accorder de la valeur à nos études littéraires.»

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