Quelle est la place de l’amour dans les rapports entre humains et autres-qu’humains?

L’auteur Éric Noël qui nous livra un extrait de son livre L’Amoure Looks Something Like You durant la première journée d’étude«Avec l’autre qu’humain. Penser, agir et écrire les coprésences», a imaginé un amour qu’il a qualifié de « télépathique » avec la baleine perdue à Montréal au printemps 2020. Sa posture d’artiste lui permet de créer un espace où la possibilité d’aimer de loin une espèce sauvage marine a pu se concrétiser et se déployer lors de son récit. Éric Noël, dans son élan artistique, y a rajouté une dimension érotique et sensuelle, de l’ordre de l’intimité. De ceci émergea une attention au corps, une danse nuptiale pour sa baleine, une révélation de son être comme une ode à leur amour.

Pour faire le lien avec une philosophe qui a été nommée quelquefois durant cette première matinée des journées d’étude, on peut penser à Donna J. Haraway qui écrit dans son livre Quand les espèces se rencontrent (2007) : « Je touche le chien, je touche à une histoire d’amour ». Cette histoire d’amour dont elle fait référence est l’héritage des relations entre les humains et leurs fidèles compagnons poilus qui bien sûr est conduit entre autres par cet amour qui les relie. Un amour qui s’incarne dans la chair, dans la transcorporalité lorsque par exemple elle raconte embrasser sa chienne Cayenne Pepper avec la langue, l’ADN qui se mélange, les histoires génétiques s’embrassant et s’unissant à leur tour.

Nous sommes tous du lichen et nous sommes tous des chiens, etc. Comme Nayla Naoufal l’a énoncé durant la journée d’étude « On traverse le monde qui nous traverse ». On pourrait alors rajouter que durant ces rencontres entre humains et autres-qu’humains que l’amour nous/les traverse aussi.