Cahiers Figura, numéro 33, 2013

Les voies de l’évolution. De la pertinence du darwinisme en littérature

Jean-François Chassay
Daniel Grenier
William S. Messier
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On connaît peu dans la francophonie le «darwinisme littéraire». Dans le monde anglo-saxon, ce mouvement attire beaucoup l’attention et polarise les débats. Le darwinisme littéraire repense la littérature à l’aune de la théorie de l’évolution. Plusieurs champs de recherche sont ouverts dans cette perspective: création comme phénomène biologique, réception, analyse littéraire, etc. En marge du «noyau dur» du mouvement, beaucoup de propositions importantes et stimulantes permettent d’examiner les rapports entre un pan majeur de la science et la littérature.

«Évolution», «espèce», «lutte pour la vie», «adaptation» sont des mots ou des expressions qui ont eux-mêmes beaucoup évolué en fonction de modifications culturelles et sociales depuis 150 ans. À partir de ceux-ci, l’objectif de ce cahier consiste à réfléchir sur l’imaginaire darwinien aujourd’hui, dans le champ littéraire.

Avec des textes de William S. Messier, Daniel Grenier, Nicolas Wanlin, Sébastien Roldan, Elaine Després, Jean-François Chassay, Marianne Cloutier et Jean-Simon DesRochers.

Articles de la publication

Jean-François Chassay, Daniel Grenier & William S. Messier

Introduction. Ciel, mon Darwin!

De toutes les figures marquantes du monde scientifique en Occident, Charles Darwin est une des plus effacée. C’est pourtant celle qui aura été la plus investie par les écrivains, si on excepte Albert Einstein. On comprendra que ce phénomène tient moins à sa vie, fort casanière sauf pour les cinq années de son voyage sur le Beagle, qu’à ses théories.

William S. Messier

Choper le virus

Dans l’introduction de «The Literary Animal», qu’il codirige avec David Sloan Wilson, Jonathan Gottschall décrit sa «découverte» de la théorie de l’évolution et sa pertinence en études littéraires. Le spécialiste des récits homériques offre candidement une métaphore: «J’ai chopé le “virus évolutionniste”en 1996, durant ma deuxième année d’études supérieures dans le département de littérature de l’Université de Binghamton».

Daniel Grenier

À qui la faute? une lecture de la pratique analytique évolutionniste

En 2011, Joseph Carroll consacre un article à «Wuthering Heights». Il s’ouvre sur l’idée maîtresse que même si le roman d’Emily Brontë, selon les chercheurs, résiste à toute interprétation réductrice, il est possible d’en «pénétrer le mystère» une fois pour toutes: «Il n’est pas obligatoire de laisser le roman de Brontë dans la catégorie des mystères impénétrables.»

Nicolas Wanlin

Darwinismes littéraires. L’ancien et le nouveau, leurs présupposés et leurs limites

On voit aujourd’hui revenir en force des applications du modèle évolutionniste aux sciences humaines et plus particulièrement à l’étude de la littérature (théorie, critique, histoire) et il me semble qu’un antécédent notable peut nous éclairer sur la portée et les limites de ces essais méthodologiques.

Sébastien Roldan

Victimes d’eux-mêmes ou de l’espèce? Darwin et les suicidés du roman naturaliste

Darwinisme et littérature naturaliste vont de pair, semble-t-il. Le grand monument littéraire de cette école, «Les Rougon Macquart» d’Émile Zola, qui raconte en vingt volumes parus de 1871 à 1893 l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, constitue sans doute la principale pièce à conviction d’une telle affirmation.

Elaine Després

Au royaume de la survie, le mieux adapté est roi. Évolution et désévolution dans «Hothouse» de Brian Aldiss

Si la littérature s’intéresse régulièrement au darwinisme, mettant en scène tant Darwin que ses recherches et ses théories, il ne va pas de soi qu’inversement la biologie évolutionniste s’intéresse à la littérature. Celle-ci serait-elle une stratégie adaptative de l’humanité? Si la question mérite sans doute qu’on s’y attarde, concerne-t-elle la critique littéraire?

Jean-François Chassay

Rester, attendre, évoluer. De la guerre et de la mort

Le livre d’Ovide démontre que l’évolution, la métamorphose, a partie liée avec l’imaginaire depuis longtemps. Le concept d’évolution, cependant, a pris une valeur scientifique à l’approche du XIXe siècle, avec les travaux de Lamarck, Cuvier, Hutton, Lyell, qui remettaient en question le modèle fixiste religieux.

Marianne Cloutier

Quelques variations sur le darwinismes. Le bioart et ses mises en culture du vivant

Les protagonistes du bioart ont véritablement donné corps à l’idée d’une modulation du vivant à des fins purement artistiques et esthétiques. Ces artistes transforment plantes, animaux et matières biologiques en matériaux à création: «[t]ransgenèse, culture de tissus, hybridation ou sélection végétale ou animale, homogreffes, synthèses de séquences d’ADN artificielles, neurophysiologie [et] technologies de visualisation de la biologie moléculaire» sont désormais considérés comme de nouvelles techniques.

Jean-Simon Desrochers

Approche bioculturelle de la création littéraire, un darwinisme relatif

Dans ce collectif d’articles, une majorité d’auteurs adopte une posture critique sévère envers le darwinisme littéraire. Il faut l’admettre, tant par sa prétention à la scientificité que par sa tendance à favoriser la négation des théories poststructuralistes, le darwinisme littéraire se présente comme une offre hostile, proposant d’inféoder la théorie littéraire aux sciences soi-disant objectives.

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