Carnets de recherche, 2024
Traduction des littératures autochtones de l’anglais vers le français
Ce carnet vous plonge dans ma thèse en traduction littéraire complétée en 2023 à l’Université McGill. J’invite à réfléchir à une traduction éthique et décolonisée, vers le français, des œuvres des Premiers Peuples écrites en anglais, puisque la majorité des écrivains autochtones en Amérique du Nord usent de la langue anglaise et que la plupart de leurs traducteurs sont allochtones. Ma thèse part du principe qu’un récit écrit en anglais par un auteur autochtone ne peut pas être traduit de la même manière que serait traduite l’œuvre d’un auteur canadien ou américain de langue anglaise. Cela s’explique par l’aspect généralement politique des écrits des Premiers Peuples, par le fait que leurs auteurs sont issus de cultures et de visions du monde bien différentes de celles des écrivains euro-américains et qu’il existe un rapport de force entre Autochtones et Allochtones.
Ma thèse s’intéresse, entre autres, à l’état de la traduction, dans les deux langues officielles, des œuvres autochtones au Canada. Depuis 2010, de plus en plus d’œuvres des Premiers Peuples sont traduites, principalement de l’anglais vers le français. Je me penche sur l’aspect politique des récits autochtones, sur les visées de plusieurs récits des Premiers Peuples, dont la guérison, la compassion et la réappropriation. J’attire aussi l’attention sur certains écueils courants en traduction des récits autochtones tels que la volonté de répondre à l’horizon d’attente des lecteurs, le manque de connaissances des cultures autochtones, la volonté de vouloir tout révéler et la difficulté que représente la traduction de l’humour autochtone. J’explore également le rapport des écrivains autochtones à la langue du colonisateur et me penche sur les Rez Englishes, ces dialectes présents dans certains récits.
N.B. La photo provient du site de la BAnQ, collection Julienne Sioui [https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3279026].
Articles de la publication
La traduction des œuvres autochtones francophones et anglophones au Canada
Au Canada, la colonisation s’est faite en anglais, mais aussi en français, ce qui a eu pour conséquence de créer une division entre les peuples autochtones qui ont été forcés d’apprendre l’anglais et ceux qui ont été obligés d’apprendre le français.
Ma position traductive
Une traduction éthique et décolonisée des œuvres autochtones, dont celles de Lee Maracle (stó:lōe/salishe), exige des traducteurs allochtones qu’ils soient sensibles aux rapports de force entre Autochtones et Allochtones et qu’ils ne se contentent pas des méthodes et ouvrages euro-américains pour mener à bien cette tâche.