Cahiers Figura, numéro 23, 2010
Textures lumineuses. Éblouissements, ombres et obscurités
L’existence visuelle représente un cas particulier de l’existence corporelle, car la mise en lumière fait apparaître des univers sémiotiques en lien avec les dispositifs perceptifs du sujet. Les essais de ce travail collectif abordent les différentes relations entre le sujet et la lumière par le biais de la notion de texture lumineuse. Pour mieux comprendre cette notion, nous avons organisé cette réflexion en trois volets qui représentent trois états lumineux différents: l’éblouissement, l’ombre et l’obscurité.
Articles de la publication
Présentation
Tout espace, tout corps qui existe visuellement baigne dans une lumière. Celle-ci donne vie à l’espace, le meuble et le métamorphose. La lumière anime le spectacle au rythme de ses changements et emporte le sujet dans une fluidité perceptive mettant en relief sa dimension émotive.
«La servante» d’Olivier Py. Pour une configuration lumineuse du sens
Partout où il y a vision appréhension et configuration du visible, s’offre un dévoilement, une organisation de l’espace et du temps. Ces modalités sont entièrement dépendantes de la lumière et de l’obscurité, sans lesquelles rien ne se donnerait à voir, à sentir et à comprendre. Évidemment, le théâtre est un de ses lieux.
Ateliers de lumière. Éclairages et création chez Didier-Georges Gabily
Une véritable texture lumineuse traverse toute l’oeuvre de du dramaturge français Didier-Georges Gabily : l’éblouissement qui caractérise le personnage de Ravie dans Violences et qui traduit en signes lumineux le trop-plein émotionnel d’un traumatisme qui se dévoilera petit à petit.
Le voir tensif comme mode de l’imaginaire. Étude du rapport au lumineux dans la création de la pièce de théâtre L’ombre incongrue de F.
L’outillage théorique relatif, de près ou de loin, à ce que l’on appelle la «sémiotique des passions» constitue certainement une ouverture intéressante vers une reconfiguration du rapport de l’analyste ou du producteur au théâtre. Alors que François Rastier prétend que celle-ci «semble […] résulter d’une involution spéculative», je considère plutôt cette prise en compte du sujet regardant de bon augure.
Ce qui reste de ce qui n’est plus. Rencontre de la cendre, de l’ombre et de la lumière dans «Silvelake Life: The View from Here»
Le sida, en ce qu’il a partie liée avec la mort, ne semble pas pouvoir s’écrire ni se dire, mais plutôt se donner à voir par la monstration d’images corporelles qui attestent de la catastrophe, révélant l’ineffable de ce qu’un tel témoignage de la souffrance enjoint.
La lumière comme rythme du sujet dans «Des ombres portées». Exercice de poétique et de sémiotique tensive
L’écriture du deuil tente, selon Pierre Ouellet, de «dire l’indicible perte de la personne aimée». Le recueil Des ombres portées de Paul Chanel Malenfant en est un vif exemple. L’œuvre est divisée en quatre parties intitulées respectivement: «Douleurs », «Deuils», «Mystères de la nuit» et «Adieux».
Moi, d’un beau rouge écarlate. Essai d’esthétique à partir d’une calligraphie japonaise
La production artistique n’est donc pas dans cette conception destinée à l’expression seule d’un individu créateur, hautement valorisée dans notre culture occidentale, mais aussi à l’impression suivante de ses sentiments dans la communauté, suite à la contemplation du monde environnant. L’esthésie du sujet doit dès lors se développer selon des modalités propres à la culture japonaise traditionnelle, impliquant un certain type de rapport du sujet à la perception sensible et de relation à autrui.
Spectre en demeure. Esthétique d’Occident en Orient
Au commencement était la lumière. L’Hexaméron ne connaît pas la nuit. Les ténèbres ne sont pas créées par Dieu. Néant séparé de l’Être, la nuit n’est qu’un signe abstrait de l’inexistant. Pour l’instant, le matin et le soir désignent la progression créatrice de la lumière, sa succession sans interruption.
«Vie secrète» de Pascal Quignard. L’obscurité qui révèle ou «Ne rien comprendre à rien est un organe fabuleux.»
On convient normalement que le domaine du visible est celui de la certitude, du tangible. L’objet qui est vu existe à coup sûr, et l’idée de douter de sa présence ou de sa nature, sauf en de rares exceptions comme les mirages ou les fantômes, ne se présente pas à l’esprit de celui qui voit.
Le rôle de la nuit dans les devenirs-animaux de la pièce «Dans la solitude des champs de coton» de Bernard-Marie Koltès
L’attrait que la lumière exerce sur le dramaturge français Bernard-Marie Koltès (1948-1989) est indéniable. Durant ses années de formation au Théâtre National de Strasbourg (TNS), alors dirigé par Hubert Gignoux, Koltès démontre un vif intérêt pour les techniques de l’éclairage.