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Vers une architecture géopoétique
Pendant longtemps, une conception fonctionnaliste et puriste a prévalu dans le monde occidental, créant ainsi le dualisme du sensible et de l’intelligible hérité de la philosophie cartésienne et qui se traduit en architecture par l’abolition des liens entre le bâti et l’être humain.
L’approche géopoétique projette pour ce nouveau millénaire le développement d’un rapport sensible et ouvert entre l’homme et la Terre, entre la matière et l’esprit, et ce en considérant la perception active des usagers et leur capacité à rendre visible le sens de leurs conduites et de leurs pensées, et en s’inspirant également des anciennes cultures porteuses de valeurs dictées, non seulement par la nécessité d’adaptation au climat, aux ressources et à la topographie du site, mais aussi par l’effort conscient d’harmoniser les liens entre la culture et la Terre. Champ de recherche et de création, elle est, selon Rachel Bouvet, une approche transdisciplinaire et pragmatique qui analyse les interactions entre l’homme et la Terre en utilisant, d’une part, des outils provenant des disciplines scientifiques, philosophiques et artistiques et d’autre part, les perceptions sensibles humaines. Entre les outils conceptuels et les phénomènes sensibles, se crée une relation à la fois physique et phénoménale avec le lieu à explorer. Il s’agit d’une approche in situ qui s’appuie autant sur l’intuition et la sensibilité relevant des pratiques artistiques que sur la logique et la rigueur des connaissances.