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«Les Mutants» in Vous ne me connaissez pas

Patrick Tillard
couverture
Article paru dans Nouvelles, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Oates, Joyce Carol. 2004. “The Mutants” in I am no one you know, New York: Ecco, p.281-287

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project, au Labo NT2)

  

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Ce livre (I am no one you know) est composé de 19 nouvelles. Une seule traite du 11 septembre, «Les mutants», nouvelle initialement parue dans sa version originale dans The Observer (Grande-Bretagne) et dans Fiction. Une jeune femme, «une belle jeune femme rêveuse» du Midwest, archétype de la femme américaine jeune, bourgeoise, à l’éducation irréprochable, semblant sortir tout droit d’un magazine moderne mais bien pensant, à la vie heureuse, au bonheur parfait, aimée et chérie habite dans le bas de Manhattan dans une tour (l’auteur dit «un nid d’aigle») réservée à l’élite de la ville et du pays. Après le départ de son fiancé, seule, elle part faire une course lorsqu’elle aperçoit un avion de ligne qui vole anormalement bas, avant d’entendre une explosion gigantesque. Paniquée, elle court vers son appartement comme vers un refuge où elle pourrait être protégée, en sécurité. Mais c’est au contraire dans ce sanctuaire qui va devenir une antre à la sécurité douteuse que cette belle jeune femme va être obligée de réapprendre à survivre, totalement seule, assaillie par un épais nuage de poussière et de cendres, en découvrant ce que peut être une solitude totale. Téléphone muet, radio silencieuse, électricité absente, elle oscille entre un retour à l’animalité et les gestes que lui dicte son instinct de survie. Sans rien savoir de ce qui s’était réellement passé, imaginant une attaque brutale, puis une guerre chimique ou un incendie, ou pire encore l’enfer répandu sur la terre, la ville de New York rasée, brûlée, elle se transforme peu à peu pendant les quelques heures que vont durer son enfermement dans son appartement. Elle sait qu’elle se transforme en autre chose que cette jeune femme sereine et innocente du matin même. Quelqu’un est en train de naître, d’apparaître, «une mutante préparée à survivre». Afin de laisser une trace dans cette nuit qui s’éternise et qu’elle ne parvient pas à déchiffrer, elle allume quelques bougies sur les appuis des fenêtres. Alors, dans la pénombre permanente des cendres et des tourbillons de poussière, elle aperçoit en face, dans d’autres immeubles, les lueurs tremblotantes de quelques bougies qui répondent.

  

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Recueil de nouvelles.

  

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration à la troisième personne du singulier.

  

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est générique.

  

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Le point de vue sur le 11 septembre est contemporain de l’événement. Les deux explosions sont mentionnées mais un seul avion est aperçu par le personnage.

Attitude face aux événements: L’attitude est celle de la panique, de la recherche de protection (la narratrice habite à proximité du World Trade Center) dans son appartement comme dans un cocon protecteur. Progressivement, les nécessités de la survie apparaissent et avec elle, la ruse, la force se redécouvrent. L’incrédulité cède aux spéculations: attaque? guerre, avec quel degré d’intensité? La raison l’emporte sur l’irrationnel et la peur.

Moyens de transport représentés, leurs fonctions: Un seul avion est aperçu. Aucun autre moyen de transport n’est mentionné, sauf le métro (à la station World Trade Center) que le personnage prend normalement pour aller travailler.

Les médias et les moyens de communication représentés, leurs fonctions: Télévision, radio et téléphone sont muets, ce qui accentue la panique du personnage.

  

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Point de vue adulte d’une femme cultivée et choyée qui appartient manifestement à l’élite blanche de New York. Elle assiste aux attentats et vit l’après-attentat seule, terrée dans son appartement.

Le point de vue est individuel (même si elle se dit qu’elle n’est pas assez importante pour être la seule à avoir survécu).

  

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Aucun son.

  

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Aucun travail iconique.

  

Autres aspects à intégrer

N/A

  

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

4e de couverture:

Kidnappeurs, assassins, violeurs, terroristes ou parents abusifs, on les rencontre souvent chez Oates sans s’en méfier immédiatement, pas plus que ne s’en méfient leurs victimes. À première vue, ils paraissent tellement inoffensifs. C’est alors que revient la question à la fois banale et lancinante : qui sommes-nous tous vraiment? La personnalité est-elle quelque chose de stable et de cohérent, ou bien une nébuleuse aussi mouvante, changeante et potentiellement catastrophique que le temps? Dans le monde de Joyce Carol Oates, notre identité même – et celle de tous ceux que nous croyons connaître – est sans doute le plus impénétrable des mystères. «Vous ne me connaissez pas…» Ces dix-neuf nouvelles, aussi inquiétantes que leurs personnages, le lecteur en tournera à coup sûr avidement les pages. Mais il risquera parfois d’y laisser sa sérénité.

L’auteure: Née en 1938, Joyce Carol Oates est l’auteure d’une oeuvre considérable qui l’a placée au premier rang des écrivains contemporains. Elle a reçu le Prix Femina étranger en 2005 pour Les Chutes.

Version américaine:

I Am No One You Know contains nineteen startling stories that bear witness to the remarkably varied lives of Americans of our time. In “Fire,” a troubled young wife discovers a rare, radiant happiness in an adulterous relationship. In “Curly Red,” a girl makes a decision to reveal a family secret, and changes her life irrevocably. In “The Girl with the Blackened Eye,” selected for The Best American Mystery Stories 2001, a girl pushed to an even greater extreme of courage and desperation manages to survive her abduction by a serial killer. And in “Three Girls,” two adventuresome N.Y.U. undergraduates seal their secret love by tracking, and protecting, Marilyn Monroe in disguise in Strand Used Books on a snowy evening in 1957.

These vividly rendered portraits of women, men, and children, testify to Oates’ compassion for the mysterious and luminous resources of the human spirit.

   

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Inconnues mais on peut penser que son livre Hystérie suburbaine, Paris, Gallimard, 2004, dénonce certaines dérives autoritaires du gouvernement américain et une suspicion généralisée. Sur ce livre consulter le site: https://www.parutions.com/pages/1-15-162-4838.html [Page consultée le 3 août 2023]

  

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Pour Robert et Peggy Boyers

  

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

   

Impact de l’œuvre

Inconnu pour le moment (12/2006)

   

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

La mutation symbolique du bonheur en pratique de survie sous le choc de l’attentat se veut sans doute une allégorie de la mutation du peuple américain.
Il est vraisemblable que la quantité de nouvelles ayant comme thème le 11 septembre soit assez considérable, leur mode de diffusion dans les revues, magazines, journaux de grands tirages comme ce fut le cas pour «The Mutants», participe très clairement à la dissémination symbolique des impacts du 11 septembre. Le processus de novellisation du 11 septembre apparaît ainsi comme un des vecteurs de la mythification du 11 septembre.

   

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Car le souvenir est une action morale, un choix. On peut choisir de se rappeler, on peut choisir de ne pas le faire.» p. 264

«Elle avait les yeux creux, hagards mais vigilants, la blonde aux yeux rêveurs avait disparu. Une mutante, préparée à survivre. N’y avait-il pas des créature sous-marines qui acquéraient des paires d’ouies supplémentaires, des yeux au bout de pédoncules de part et d’autre d’une tête fine comme une lame, la ruse au service désespéré de la survie…» p. 349.

  

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

Award-winning author, Joyce Carol Oates was born in 1938 and grew up in upstate New York.While a scholarship student at Syracuse University, she won the coveted Mademoiselle fiction contest. She graduated as valedictorian, then earned an M.A. at the University of Wisconsin. In 1968, she began teaching at the University of Windsor. In 1978, she moved to New Jersey to teach creative writing at Princeton University, where she is now the Roger S. Berlind Distinguished Professor of the Humanities. A prolific writer, Joyce Carol Oates has produced some of the most controversial, and lasting, fiction of our time. Her novel, Them, set in racially volatile 1960s Detroit, won the 1970 National Book Award. Because It Is Bitter, and Because It Is My Heart focused on an interracial teenage romance. Black Water, a narrative based on the Kennedy-Chappaquiddick scandal, garnered a Pulitzer Prize nomination, and her national bestseller Blonde, an epic work on American icon Marilyn Monroe, became a National Book Award Finalist. Although Joyce Carol Oates has called herself, “a serious writer, as distinct from entertainers or propagandists,” her novels have enthralled a wide audience, and We Were the Mulvaneys earned the #1 spot on the New York Times bestseller list.1 https://web.archive.org/web/20110303164622/http://www.fantasticfiction.co.uk/o/joyce-carol-oates/) [Page consultée le 3 août 2023]

  

Couverture du livre

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