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Je ne joue plus!

Patrick Tillard
couverture
Article paru dans Littérature jeunesse, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Hausfater-Douïeb, Rachel et Olivier Latyk. 2002. Je ne joue plus!, Bruxelles: Casterman, 26p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

   

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Album de 24 pages illustrées.

Seul dans sa chambre, un petit garçon nourrit ses poissons rouges. Le décor de la chambre éclaire d’emblée les intentions du récit : affiche de Manhattan, tanks, avions, soldats, côtoient des jouets moins signifiants, plus ludiques. Le petit garçon pense aux hommes qui tombent, aux avions, aux tours, à la guerre, à la peur.

Il se couche et peut-être rêve-t-il que la porte de sa chambre ouvre sur un monde d’azur où les villes sont debout, où la mort ne tombe pas du ciel, où tout le monde peut vivre sous le même soleil.

À noter les dessins sobres et émouvants des pages de garde.

  

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Album jeunesse pour les 7-8 ans.

   

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Monologue intérieur

   

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est générique, il s’agit de l’après-11 septembre 2001.

   

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements ne sont pas présentés de façon explicite, le ton est allusif mais on identifie sans peine la cible.

Le ton est à la condamnation de tels événements mais le jugement de l’enfant est aussi une exigence de bonheur et renvoie à ce qui dans le monde de l’enfance relève du jeu et de l’innocence.

Moyens de transport représentés: Des avions.

Moyens de communication représentés: Aucune critique de médias

    

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Il n’y a pas d’autre protagoniste que l’enfant qui monologue et évoque ce qu’il a vu et entendu: les avions précipités contre les tours, les corps qui tombent, etc. Le point de vue est son point de vue: regard et pensées d’un enfant occidental et blanc qui refuse de voir détruire son univers.

Le point de vue sur les événements est contemporain et individuel.

   

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Aucun son.

   

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Aucun travail iconique.

   

Autres aspects à intégrer

N/A

   

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

« Moi quand je serai grand,
Je ferai du beau temps… »

   

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Inconnues (09/2007)

   

Citer la dédicace, s’il y a lieu

À mes parents.
O.L.

   

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

  

Impact de l’œuvre

Inconnu à ce jour (09-2007)

   

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

La littérature pour enfants a produit dans la Communauté européenne quelques albums sur le 11 septembre 2001. Leurs points de vue sont importants dans le cadre du LMP puisque la littérature pour enfants s’emploie souvent à métaphoriser des événements de cette ampleur afin d’en atténuer l’impact sur les enfants ou de les expliquer en réduisant en quelques traits efficaces la pluralité des discours de l’actualité.

Cet album décrypte avec des mots d’enfants l’impact du 11 septembre 2001 sur leur existence. Il leur attribue, avec une parole généraliste, la volonté de sortir de l’engrenage émotif engendré par le choc des images et l’exigence d’un monde ludique et non brutal. La stratégie de mortification, une humanité absente et le sentiment de barbarie engendrés par les images du 11 septembre 2001 ferment tout avenir pour de jeunes enfants.

Publié en 2002, cet album réagit dans l’urgence à l’événement. Il se lève contre la tyrannie d’un monde de brutalité et de sauvagerie qui estropie et étrangle l’imaginaire et modèle l’avenir des enfants. La première partie évoque ce qui a existé le 11 septembre 2001 et ce que l’enfant ne veut plus, la deuxième partie ce qu’il devrait recevoir et vivre pour rester lui-même, un monde sans guerre ni barbaries.

Peut-être est-ce un rêve d’adulte et non d’enfant?

Le ton du livre est grave mais les images naïves et, à cause de la naïveté du trait, soudainement dérangeantes et fortes. Les images sont suffisamment épurées pour que l’ensemble débouche sur une émotion réelle plutôt que sur un discours moralisateur.

La figuration du 11 septembre 2001 emprunte aux avions, aux hommes qui tombent et à la guerre. En termes simples, les directions du mythe sont posées, ses clés de voûte et ses contraintes identifiées. Le monde n’est pas pour cela défiguré mais peut-être démasqué. L’avenir sera-t-il assez grand pour le désir futur de ce «beau temps» exprimé par l’enfant?

   

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Quand les avions s’écrasent, mes yeux veulent trop voir.» p.4

«Quand les hommes-feuilles tombent, je me fais tout petit.» p.6

   

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

Notice bibliographique consultable pour Olivier Latyk à cette adresse: https://web.archive.org/web/20090130081912/http://www.ricochet-jeunes.org/biblioauteur.asp?id=701 [Page consultée le 3 août 2023]

Rachel Haufstater-Douïeb a publié des romans pour adolescents:

  • La danse interdite, Paris, Thierry Magnier, 2006
  • Le chemin de fumée, Paris, Seuil, 2004.

   

Couverture du livre

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